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PINTADE.

et soyeux. La plupart des dindonneaux héritaient de cette espèce de huppe, mais elle tombait ensuite, ou était arrachée par les autres oiseaux. Ce cas est intéressant, parce qu’avec des soins on aurait probablement pu former une nouvelle race, et qu’une huppe de cette nature aurait été, jusqu’à un certain point, analogue à celle que portent les mâles dans plusieurs genres voisins, comme les Euplocomus, Lophophorus et Pavo.

On a conservé dans les parcs des lords Powis, Leicester, Hill et Derby, des dindons sauvages qu’on croit avoir été tous importés des États-Unis. Le Rev. W. D. Fox ayant étudié les oiseaux des deux premiers de ces parcs, me dit qu’ils différaient certainement un peu les uns des autres, par la forme du corps et par leurs ailes à plumage barré. Ils différaient aussi des oiseaux de lord Hill, dont quelques-uns conservés à Oulton par Sir P. Egerton, tout croisement avec le dindon ordinaire ayant été soigneusement évité, produisirent occasionnellement des oiseaux beaucoup plus pâles, et un qui fut presque blanc, mais non albinos. Ce cas de dindons semi-sauvages différant légèrement les uns des autres, est analogue à celui du bétail sauvage, qui existe encore dans quelques parcs anglais. Nous devons supposer que ces différences sont le résultat de l’empêchement du libre croisement d’oiseaux, dont la distribution géographique est très-étendue, et des changements dans les conditions extérieures auxquelles ils se sont trouvés soumis en Angleterre. Le climat de l’Inde paraît avoir occasionné des changements considérables chez le dindon, car M. Blyth[1] le décrit comme fort dégénéré de taille, tout à fait incapable de s’élever sur ses ailes, de couleur noire, et ayant les longs appendices placés au-dessus du bec énormément développés.

PINTADE.

La pintade domestique descend, suivant l’opinion de quelques naturalistes, de la Numida ptilorhynca, qui habite des régions très-chaudes et en partie très-arides, de l’Afrique orientale ; elle a donc été, dans nos pays, soumise à des conditions extérieures bien différentes. Elle a néanmoins peu varié, si ce n’est par le plumage qui est tantôt plus pâle, tantôt plus foncé. Cet

  1. E. Blyth, Ann. and Mag. of nat. Hist., 1847, vol. XX, p. 391.