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SUR LES PLANTES CULTIVÉES.

larités peuvent se transmettre par la graine. On peut cependant glaner quelques faits qui ont de l’importance, et dont nous aurons à parler plus loin. Le but principal des deux chapitres qui vont suivre est de démontrer combien presque tous les caractères de nos plantes cultivées sont devenus variables.

Faisons précéder les détails de quelques remarques générales sur l’origine des plantes cultivées. Dans une admirable discussion sur ce sujet, qui dénote chez son auteur une grande étendue de connaissances, M. Alph. de Candolle[1] donne une liste de 157 plantes cultivées parmi les plus utiles, dont il estime qu’environ 85, sont presque certainement connues à l’état sauvage, point sur lequel cependant d’autres juges compétents paraissent élever quelques doutes[2]. Pour 40 d’entre elles, M. de Candolle admet une origine douteuse, soit à cause de certaines dissemblances qu’elles présentent avec les formes sauvages les plus voisines auxquelles on peut les comparer, soit à cause de la probabilité que ces dernières ne soient pas réellement des plantes sauvages, mais les produits de graines échappées à la culture. Sur les 157 plantes, d’après M. de Candolle, il n’y en a que 32 dont l’état primitif soit complètement inconnu. Mais il faut observer qu’il ne comprend pas dans sa liste, plusieurs plantes à caractères mal définis, comme les diverses formes de courges, de millet, de sorgho, de haricots, de dolichos, de capsicum et d’indigo, non plus que les fleurs ; or plusieurs des fleurs les plus anciennement cultivées, telles que certaines roses, le lis impérial ordinaire, la tubéreuse et même le lilas, sont inconnues à l’état sauvage[3].

D’après les chiffres relatifs donnés plus haut, et d’autres arguments d’une grande valeur, M. de Candolle conclut que ce n’est que rarement que les plantes ont été assez fortement modifiées par la culture, pour qu’on ne puisse plus les identifier avec leurs prototypes sauvages. Mais, d’après cette manière de voir, si nous considérons qu’il n’est pas probable que les sauvages aient choisi des plantes rares pour les cultiver ; que les plantes utiles sont généralement remarquables, et qu’elles ne devaient pas habiter des déserts ni des îles écartées et récem-

  1. Géographie, botanique raisonnée, 1855, p. 810–991.
  2. Historical notes on cultiv. plants, par Dr A. Targioni-Tozzetti ; analyse de M. Bentham dans Hortic. Journal, vol. IX, 1855, p. 133. — Voir aussi Edinburgh Review, 1866, p, 510,
  3. Historical notes, etc.