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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/372

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FRUITS.

quatre espèces, qui sont, les oranges douces, les amères, les limons et les citrons, et dont chacune a donné naissance à des groupes nombreux de variétés, de monstruosités, et de métis supposés. Une autre autorité compétente[1], regarde ces quatre formes réputées espèces, comme des variétés du Citrus medica sauvage, et pense que le Citrus decumana (Pamplemousse) qu’on ne connaît pas à l’état sauvage, forme une espèce distincte, fait dont doute fortement un autre écrivain, le Dr Buchanan Hamilton. D’autre part, Alph. de Candolle[2], — et on ne saurait trouver un juge plus compétent, — apporte des preuves, à son avis suffisantes, pour établir que l’orange, (la spécificité des sortes amères et douces lui paraissant douteuse), le limon et le citron ayant été trouvés sauvages, doivent par conséquent être considérés comme des formes distinctes. Il mentionne comme espèces incontestables, deux formes cultivées au Japon et à Java ; mais parle avec doute de l’orange pamplemousse, qui varie beaucoup, et n’a pas été trouvée sauvage ; il regarde enfin quelques formes, telles que la pomme d’Adam et la Bergamotte, comme étant probablement des hybrides.

J’ai donné un rapide aperçu de ces diverses manières de voir, pour faire comprendre à ceux qui ne se sont jamais occupés de pareils sujets, combien ils sont embarrassants et douteux. Il est donc tout à fait inutile d’entrer dans plus de détails sur les différences qui s’observent entre les diverses formes, dont un assez grand nombre, qu’on ne peut considérer que comme des variétés, transmettent cependant intégralement leurs caractères par graine. Les oranges amères et douces ne diffèrent aucunement par d’autres caractères que celui de leur saveur, et d’après Gallesio[3], se propagent toutes les deux d’une manière constante par graine, d’où, conséquent avec son principe, il les considère comme formant deux espèces distinctes ; ce qu’il fait aussi pour les amandes douces et amères, et pour la pêche et le Brugnon (pêche lisse), etc. Cependant, comme il admet que la variété du Pin à graines à coque tendre, produit non-seulement des Pins à coque tendre, mais souvent aussi des Pins à coque dure, il en résulterait d’après sa règle, qu’il suffirait d’un peu plus de force dans l’hérédité, pour ériger le Pin à graines à coque tendre à la dignité d’espèce primitive. L’assertion de Macfayden[4], qu’à la Jamaïque, les pépins de l’orange douce produisent des oranges tantôt douces et tantôt amères, suivant le sol dans lequel on les sème, doit probablement être erronée, car j’apprends de M. de Candolle que, depuis la publication de son grand ouvrage, il a reçu de la Guyane, des Antilles, et de l’île Maurice, des renseignements qui constatent que, dans ces localités, l’orange douce transmet rigoureusement son caractère à ses descendants. Gallesio a constaté que l’oranger à feuilles de saule, ainsi que le petit oranger chinois, reproduisent bien leurs feuilles et leurs

    cite surtout. En 1839, Gallesio a publié Gli Agrumi dei Giard. Bot. di Firenze, dans lequel il donne un tableau curieux des rapports supposés de parenté qui relient entre elles les diverses formes.

  1. M. Bentham, Journ. of Hort. Soc., vol. ix, p. 133.
  2. Géog. Bot., p. 863.
  3. O. C., p. 52–57.
  4. Hooker, Bot. Misc., vol. i, p. 302, vol. ii, p. 111.