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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/418

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VARIATIONS PAR BOURGEONS.

coccineum a « cette année fourni des fleurs de trois différentes couleurs, rouges, roses et lilas sur une même touffe, et des fleurs moitié rouges, moitié lilas sur d’autres. » Outre ces quatre variétés, on connaît deux autres « Uniques » écarlates, qui toutes deux produisent parfois des fleurs lilas, identiques à celles de la Rollisson[1] ; et dont l’une n’ayant pas pris naissance par variation de bourgeons, est regardée comme probablement le résultat du semis de graine de la Rollisson’s Unique[2]. Il existe encore dans le commerce[3] deux autres variétés de ce nom peu différentes, d’origine inconnue, de sorte que cette plante nous offre un cas complexe de variation tant par bourgeons que par graine[4]. Une plante sauvage anglaise, le Geranium pratense, a produit, cultivée dans un jardin, et sur la même plante, des fleurs tant bleues que blanches, et d’autres rayées de bleu et de blanc[5].

Chrysanthemum. — Cette plante offre souvent des variations soudaines, soit par ses branches latérales soit aussi par drageons. Une plante levée de graine par M. Salter, a produit par variation de bourgeons six variétés distinctes, dont cinq différant par la couleur, et une par le feuillage, et qui sont actuellement fixes[6]. Les variétés importées de Chine furent d’abord si excessivement variables, qu’il aurait été difficile de déterminer quelle avait dû être leur couleur originelle. Une même plante pouvait une année ne donner que des fleurs couleur chamois, et l’année suivante des fleurs roses ; puis ensuite changer encore, ou donner à la fois des fleurs des deux couleurs. Ces variétés flottantes sont maintenant perdues, et lorsqu’une branche offre quelque variété nouvelle, on peut généralement la conserver et la propager ; mais d’après l’observation de M. Salter, il faut essayer chaque variété dans divers sols avant de pouvoir la considérer comme fixe, car on en a vu revenir en arrière dans des sols richement fumés ; mais une fois les épreuves faites avec tous les soins et le temps nécessaires, on risque peu d’avoir des mécomptes. M. Salter m’apprend que, dans toutes les variétés, la variation par bourgeons la plus fréquente, est celle qui produit des fleurs jaunes, laquelle étant précisément la couleur primitive, doit être attribuée à un effet de retour. M. Salter m’a communiqué une liste de sept Chrysanthèmes de couleurs différentes, ayant tous produit des branches à fleurs jaunes ; trois d’entre eux ont donné aussi des fleurs d’autres couleurs. Lorsqu’il y a changement de coloration de la fleur, le feuillage change généralement d’une manière correspondante en clair ou foncé.

Une autre composée, la Centauria cyanus, cultivée en jardin, produit assez souvent sur le même tronc des fleurs de quatre différentes couleurs,

  1. Gardener’s Chronicle, 1861, p. 945.
  2. W. Paul, ibid., 1861, p. 968.
  3. Ibid., p. 945.
  4. Pour d’autres cas de variations par bourgeons, voir Gard. Chron. 1861, p. 578, 600, 925. — Pour des cas distincts de même nature dans le genre Pélargonium, voir Cottage Gardener, 1860, p. 194.
  5. Rev. W. T. Bree, dans Loudon’s Gard. Magazine, vol. VIII, 1832, p. 93.
  6. J. Salter, The Chrysanthemum, its history and culture, 1865, p. 41, etc.