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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/419

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FLEURS.

bleues, blanches, pourpres et bicolores[1]. Les fleurs d’Anthémis varient aussi sur la même plante[2].

Roses. — On attribue à la variation par bourgeons l’origine d’un grand nombre de variétés de la rose[3]. La rose mousseuse double fut importée en 1735[4] d’Italie en Angleterre. Son origine est inconnue, mais on peut, par analogie, admettre qu’elle a probablement dû provenir par variation de bourgeons de la rose de Provence (R. centifolia) ; car on sait que des branches de la rose mousse commune ont plusieurs fois produit des roses de Provence, entièrement ou partiellement dépourvues de mousse, cas dont a consigné quelques exemples[5].

M. Rivers m’informe aussi qu’il a obtenu quelques roses du groupe des roses de Provence, de la graine de l’ancienne rose mousseuse[6] simple, qui elle-même fut produite en 1807 par variation de bourgeons de la rose mousseuse ordinaire. La rose mousseuse blanche a aussi été obtenue en 1788 par un rejeton de la rose mousseuse rouge commune ; elle fut d’abord pâle et rougeâtre, et devint par la suite blanche. Les jets qui avaient produit cette rose blanche ayant été coupés, deux rejets faibles poussèrent, dont les bourgeons donnèrent la magnifique rose mousseuse rayée. La rose mousseuse commune a produit par variation de bourgeons, outre l’ancienne rose mousseuse simple rouge, l’ancienne rose mousseuse demi-double écarlate, et celle à feuilles de sauge, qui est d’un beau rose pâle, et a une forme de coquille très-délicate ; elle est maintenant (1852) presque éteinte[7]. On a vu une rose mousseuse blanche porter une fleur moitié blanche et moitié rose[8]. Bien que quelques roses mousseuses doivent certainement, comme nous venons de le voir, leur origine à une variation de bourgeons, la plupart ont dû probablement provenir de graine. M. Rivers, en effet, m’apprend que ses semis de l’ancienne rose mousseuse simple lui ont presque toujours donné des roses de même nature ; or, nous l’avons déjà dit, l’ancienne rose mousseuse simple a été le résultat d’une variation de bourgeons de la rose mousseuse double importée d’Italie ; et il est probable que la rose mousseuse primitive est elle-même le produit d’une variation de bourgeons, d’après les faits que nous avons indiqués, et surtout d’après celui de l’apparition de la rose mousseuse de Meaux (aussi une variété de la R. centifolia[9]), sur un rameau de la rose commune du même nom.

Le professeur Caspary[10] a décrit avec soin un cas d’une rose mous-

  1. Bree, O. C., p. 93.
  2. Bronn, Geschichte der Natur, vol. II, p. 123.
  3. T. Rivers, Rose Amateurs Guide, 1837, p. 4.
  4. M. Shailer ; cité dans Gard. Chron., 1848, p. 759.
  5. Trans. Hort. Soc., vol. IV, 1822, p. 137. — Gardener’s Chron., 1842, p. 422.
  6. Loudon, Arboretum, etc., vol. II, p. 780.
  7. J’ai emprunté ces faits sur l’origine des diverses variétés de la rose mousse à Mr Shailer, qui s’est occupé, avec son père, de leur propagation originelle, Gardener’s Chron., 1852, p. 759.
  8. Gardener’s Chronicle, 1845, p. 564.
  9. Trans. Hort. Soc. vol. II, p. 242.
  10. Schriften der Phys. Oekon. Gesellschaft zu Koenigsberg, 3 fév. 1865, p. 4. — Dr Caspary dans Transactions of Hort. Congress of Amsterdam, 1865.