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CHATS DOMESTIQUES.

tout l’espace occupé par l’Archipel Malais, Siam, Pégu et Burmah, les chats ont une queue tronquée à demi-longueur[1] et présentant souvent un nœud à son extrémité. Dans l’archipel des Carolines les chats ont les jambes très-longues, et sont d’une couleur jaune rougeâtre[2]. Une race en Chine a les oreilles pendantes. Il y a d’après Gmelin à Tobolsk, une race rouge. En Asie nous trouvons aussi la race angora ou persane.

Le chat domestique est revenu à l’état sauvage dans plusieurs pays, et partout, autant qu’on en peut juger d’après de courtes descriptions, il a repris un caractère uniforme. À la Plata, près Maldonado, j’en ai tué un qui paraissait tout à fait sauvage ; M. Waterhouse[3], après un examen attentif, ne lui trouva de remarquable que sa grande taille. Dans la Nouvelle-Zélande, d’après Dieffenbach, les chats redevenus sauvages prennent une couleur grise panachée comme les chats sauvages proprement dits : ce qui est aussi le cas des chats demi-sauvages des Highlands de l’Écosse.

Nous avons vu que les contrées éloignées possèdent des races distinctes de chats domestiques. Les différences peuvent être dues en partie à leur descendance d’espèces primitives différentes, ou au moins à des croisements avec elles. Dans quelques cas, comme au Paraguay, Mombas, Antigua, les différences paraissent dues à l’action directe des conditions extérieures. On peut dans quelques autres attribuer quelque effet à la sélection naturelle, les chats ayant dans certaines circonstances à pourvoir à leur existence, et à échapper à divers dangers. Mais vu la difficulté qu’il y a à appareiller les chats, l’homme n’a rien pu faire par une sélection méthodique, et probablement bien peu par sélection inintentionnelle, quoiqu’il cherche généralement dans chaque portée à conserver les plus jolis individus, et estime surtout une portée de bons chasseurs de souris. Les chats qui ont le défaut de rôder à la poursuite du gibier sont souvent tués par les piéges. Ces animaux étant particulièrement choyés,

  1. J. Crawfurd, Desc. Dict. of the Indian Islands, p. 255. — Le chat de Madagascar a dit-on la queue tordue. Voir Desmarest, Encyc. nat. Mamm. 1820, p. 233, pour quelques autres races.
  2. Amiral Lutké, Voyage, vol. III, p. 308.
  3. Zoology of the voyage of the Beagle. — Mamm. p. 20. — Dieffenbach, Travels in New-Zealand, vol. II, p. 185. — Ch. St.-John, Wild sports of the Highlands, 1846, p. 40.