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COULEURS ET RAIES.

dant à celle de l’âne était la plus longue, et les deux raies parallèles qui la précédaient, partant de la crinière, allaient en décroissant, mais en sens inverse de celles figurées ci-dessus sur le poney du Devonshire. J’ai vu aussi un joli double poney, alezan clair, dont les jambes de devant étaient intérieurement rayées d’une manière remarquable ; j’ai retrouvé les mêmes raies moins fortement prononcées, chez un poney à manteau gris-souris foncé : aussi chez un poulain alezan clair, trois quarts sang, des raies transversales sur les jambes ; chez un cheval de gros trait, alezan brûlé, une bande dorsale très-apparente, des traces distinctes de la raie scapulaire, mais point aux jambes. Mon fils m’a dessiné un cheval de trait belge, gros et lourd, à manteau alezan fauve clair, qui portait aussi une bande dorsale bien accentuée, des traces de raies aux jambes, et sur chaque épaule deux bandes espacées de trois pouces, et longues de sept à huit pouces. J’ai vu encore un cheval de trait à manteau café-au-lait foncé, dont les jambes étaient rayées, et qui portait sur une épaule une grosse tache obscure et mal déterminée, et sur l’autre deux raies parallèles et faiblement marquées.

Tous ces cas concernent les isabelles ou alezans de diverses nuances. Mais M. W. Edwards a observé un cheval alezan foncé presque pur sang qui avait la bande dorsale, et des raies aux jambes ; j’ai vu deux carrossiers bais ayant les bandes dorsales noires ; l’un d’eux avait sur chaque épaule une légère raie, et l’autre une bande noire large mais mal circonscrite qui descendait obliquement à mi-chemin sur l’une et l’autre épaule. Ni l’un ni l’autre n’offraient de raies aux jambes.

Un des cas les plus intéressants que j’aie rencontrés est le suivant : une jument baie (provenant d’une jument flamande bai foncé et d’un cheval turcoman gris clair) fut donnée à Hercule, un pur sang bai foncé, dont les parents étaient bais tous les deux. Le poulain finit par être définitivement bai-brun ; mais à l’âge de quinze jours, il était d’un bai sale, nuancé de gris-souris et un peu jaunâtre par places. Il présentait des traces de la bande dorsale, et quelques raies transversales obscures sur les jambes ; le corps tout entier était marqué par des bandes foncées et étroites, mais assez faibles pour ne devenir visibles que sous certaines incidences de lumière, comme celles qu’on observe sur les petits chats noirs. Ces bandes étaient très-distinctes sur la croupe, d’où elles divergeaient de l’épine dorsale, en se portant en avant ; plusieurs d’entre elles en s’éloignant de la ligne médiane se ramifiaient un peu comme chez le zèbre. Les raies les plus apparentes se trouvaient sur le front entre les oreilles, et formaient là une série d’arceaux pointus placés les uns sous les autres et décroissant successivement de grandeur en descendant vers le museau ; on voit exactement ces mêmes marques sur le front du quagga et du zèbre de Burchell. À l’âge de deux ou trois mois, toutes ces raies avaient disparu. J’ai retrouvé des marques semblables sur le front d’un cheval isabelle adulte, pourvu de la bande dorsale, et de raies très-distinctes sur les jambes de devant.

En Norwége le cheval indigène ou poney varie du café-au-lait au gris-souris foncé, et l’animal n’est regardé comme de race pure, qu’autant