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CARACTÈRES DES PORCS MARRONS.

de 7,000 à 8,000 pieds, il se développe sous leurs soies une fourrure laineuse très-épaisse, comme celle du sanglier français ; ces porcs sont petits et rabougris. Le sanglier sauvage de l’Inde porte, dit-on, à l’extrémité de la queue des soies arrangées comme les barbes d’une flèche, tandis que le sanglier d’Europe n’a qu’une simple touffe. La plus grande partie des porcs marrons de la Jamaïque, et qui descendent tous d’une souche espagnole, ont la queue en panache[1]. Quant à la couleur, les porcs redevenus sauvages font généralement retour vers celle du sanglier ; mais dans certaines parties de l’Amérique du Sud, comme nous l’avons vu, quelques-uns d’entre eux ont une bande transversale blanche sous le ventre ; dans certaines autres localités très-chaudes, les porcs sont rouges ; cette couleur a été occasionnellement observée aussi à la Jamaïque. Nous pouvons voir par ces divers faits que les porcs redevenus libres offrent une forte tendance vers le retour au type sauvage, mais que cette tendance est puissamment influencée par le climat, l’exercice et les autres causes modificatrices auxquelles ces animaux ont pu être soumis.

Un dernier point digne d’attention est que nous avons d’excellentes preuves de la formation de différentes races actuellement très-fixes, par des croisements de races bien distinctes. Les porcs améliorés d’Essex, par exemple, se maintiennent exactement avec leurs caractères, et il n’y a aucun doute qu’ils ne doivent leurs excellentes qualités actuelles à des croisements faits par lord Western avec la race napolitaine, puis à des croisements ultérieurs avec la race du Berkshire (elle-même améliorée par la race napolitaine), et aussi probablement avec la race de Sussex[2]. Dans les races ainsi formées par des croisements complexes, on a reconnu qu’une sélection soigneuse et continuée sans interruption pendant un grand nombre de générations était indispensable. Par suite de ces croisements nombreux, quelques races bien connues ont subi de rapides changements ; ainsi, d’après Nathusius[3], la race du

  1. Gosse, Jamaïca, p. 386, avec citation de Williamson, Oriental Field Sports. — Col. H. Smith, Nat Lib. vol. IX, p. 94.
  2. Youatt, On the Pig, 1860, p. 7, 26, 27, 29, 30 ; édit. de S. Sydney.
  3. Schweineschädel, p. 140.