CHAPITRE XX.
SÉLECTION PAR L’HOMME.
L’influence de la sélection, qu’elle soit pratiquée par l’homme ou qu’elle résulte, dans l’état de nature, de la lutte pour l’existence et de la survivance ultérieure du plus apte, dépend absolument de la variabilité des êtres organisés. Sans celle-ci rien ne peut être fait, mais il suffit de légères différences individuelles pour que la sélection puisse entrer en jeu, et ce sont probablement les seules qui aient contribué à la production d’espèces nouvelles. La discussion sur les causes et les lois de la variabilité à laquelle nous nous livrerons plus loin, aurait donc dû, dans l’ordre strict, et avec les questions de l’hérédité, des croisements, etc., que nous avons déjà traitées, précéder notre sujet actuel. J’ai dû cependant préférer, comme pratiquement plus convenable, le présent arrangement. L’homme n’essaye point de déterminer la variabilité ; bien qu’en fait et sans intention de sa part, elle résulte de ce qu’il place les organismes dans de nouvelles conditions d’existence, et de ce qu’il croise des races déjà formées. Mais la variabilité admise, il opère des merveilles. Sans l’intervention de quelque sélection, le libre entre-croisement des individus d’une même variété ne tarde pas, ainsi que nous l’avons vu, à effacer les faibles différences qui peuvent apparaître, et à imprimer ainsi à l’ensemble des individus une certaine uniformité de caractères. Dans des localités séparées, une exposition longtemps prolongée à des conditions extérieures différentes peut parfois déterminer,