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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/266

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SÉLECTION.

maux étaient déjà domestiqués à cette époque ancienne, où le sanscrit, le grec, le latin, le gothique, le celtique et le sclavonien n’avaient pas encore divergé de leur langue mère commune[1].

Il est à peine possible de surévaluer les effets d’une sélection suivie de différentes manières et dans divers endroits pendant des milliers de générations. Tout ce que nous savons, et encore plus, tout ce que nous ne savons pas[2] de l’histoire de la plupart de nos races, et même de celles qui sont plus modernes, s’accorde avec l’idée que leur formation, due aux sélections inconsciente et méthodique, a été excessivement lente et insensible. Lorsqu’un homme s’occupe un peu plus que d’ordinaire de la reproduction de ses animaux, il est presque certain de les améliorer un peu. Ils sont, par conséquent, appréciés dans son voisinage immédiat, et d’autres suivent son exemple. Leurs traits caractéristiques, quels qu’ils puissent être, seront alors lentement, mais constamment augmentés, quelquefois par une sélection méthodique, mais presque toujours par une sélection inconsciente. Finalement, une branche pouvant être appelée une sous-variété, devenant un peu plus connue, reçoit un nom local et se répand. Cette extension, qui, dans les temps anciens et moins civilisés, a dû être extrêmement lente, est actuellement très-rapide. Lorsque la nouvelle variété aura acquis un caractère distinct, son histoire, à laquelle on n’aura fait aucune attention, sera complétement oubliée, car, comme Low en fait la remarque, rien ne s’efface plus promptement de la mémoire que les faits de ce genre[3].

Dès qu’une race est ainsi formée, elle peut, de la même manière, se diviser en branches et sous-variétés nouvelles, car des variétés différentes conviennent et sont recherchées suivant des circonstances diverses. La mode change, et, même ne dût-elle durer qu’un laps de temps peu prolongé, l’hérédité est assez puissante pour qu’il en résulte probablement quelque effet sur la race. Les variétés vont ainsi s’accroissant en nombre, et l’histoire nous montre combien elles ont augmenté depuis les plus anciens documents qui sont à notre disposi-

  1. Max Müller, Science of Language, 1861, p. 223.
  2. Youatt, On Cattle, p. 116, 128.
  3. Domesticated Animals, p. 188.