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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/373

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LOIS DE LA VARIATION.

Naudin, les variétés du Cucurbita pepo, qui produisent de gros fruits, ne fournissent qu’un petit nombre de graines ; celles à petits fruits donnent de la graine en abondance. Enfin, dans le dix-huitième chapitre, j’ai cherché à montrer que chez un grand nombre de plantes cultivées, un traitement artificiel gêne l’action complète et propre des organes reproducteurs, qui en deviennent plus ou moins stériles ; en conséquence par manière de compensation, le fruit peut s’agrandir considérablement, et dans les fleurs doubles, les pétales devenir extrêmement nombreux.

On a trouvé qu’il est difficile de produire des vaches qui soient d’abord bonnes laitières et ensuite susceptibles de bien engraisser. Dans les races gallines à grandes huppes et barbes, la crête et les caroncules sont généralement assez réduits. Il est probable que l’absence complète de la glande huileuse des pigeons Paons se rattache au grand développement de leur queue.

De la pression mécanique comme cause de modification. — On a des raisons pour croire que dans quelques cas une simple pression mécanique a pu affecter certaines conformations. On sait que c’est au moyen de pressions exercées dans l’âge tendre, que les sauvages altèrent la forme de la tête de leurs enfants, mais rien ne nous porte à croire que ces résultats soient héréditaires. Vrolik et Weber[1] soutiennent que la forme de la tête humaine est influencée par celle du bassin de la mère. Les reins diffèrent beaucoup par leur forme suivant les oiseaux, et Saint-Ange[2] croit qu’elle dépend de celle du bassin, qui lui-même est étroitement lié à leurs différents modes de locomotion. Dans les serpents, les viscères sont déplacés d’une manière bizarre, comparés à leur position dans les autres vertébrés : ce que quelques auteurs ont attribué à la forme allongée de leur corps ; mais ici encore, comme dans tant d’autres cas, il est impossible de démêler les résultats directs dus à des causes de cette nature de ceux qui peuvent dépendre de la sélection naturelle. Godron a admis[3] que l’atrophie normale de l’éperon au côté interne de la fleur des Corydalis, était causée par la pression mutuelle des bourgeons entre eux et contre la tige, à

  1. Prichard, Phys. Hist of Mankind, 1851, vol. I, p. 324.
  2. Ann. sc. nat., 1re série, t. XIX, p. 327.
  3. Comptes rendus. Déc. 1864, p. 1039.