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Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 2, 1868.djvu/374

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POSITION RELATIVE DES PARTIES.

laquelle ils sont soumis pendant la première période de leur croissance, alors qu’ils sont encore sous le sol. Quelques botanistes admettent que la différence singulière qui existe dans la forme tant de la graine que de la corolle, entre les fleurons externes et les internes de certaines Composées et Ombellifères, est due à la pression exercée sur les fleurons internes ; mais cette conclusion me paraît douteuse.

Les faits précités ne se rapportant pas à des produits domestiques ne rentrent pas strictement dans notre sujet actuel. Il n’en est pas de même du suivant : M. Müller[1] a montré que dans les races de chiens dont la face est très-courte, quelques-unes des dents molaires sont placées dans une position un peu différente de celle qu’elles occupent chez les autres chiens, et surtout ceux à museau allongé ; et il fait remarquer que tout changement héréditaire dans l’arrangement des dents mérite l’attention, vu leur importance pour la classification. Cette différence de position est due au raccourcissement de certains os de la face, et au défaut d’espace qui en est la conséquence, et le raccourcissement résulte d’un état particulier et anormal du cartilage fondamental des os.


De la position relative des fleurs sur l’axe et des graines dans les capsules, comme déterminant la variation. — Nous avons, en décrivant au treizième chapitre diverses fleurs péloriques, montré que leur production était due soit à un arrêt de développement, soit à un retour vers un état antérieur. Moquin-Tandon a remarqué que les fleurs qui occupent le sommet de la tige principale ou d’une branche latérale, sont plus aptes à devenir péloriques que celles qui sont sur les côtés[2], et il cite, entre autres cas, celui du Teucrium campanulatum. Dans une autre Labiée que j’ai étudiée, le Galeobdolon luteum, les fleurs péloriques se produisent toujours sur le sommet de la tige, où il ne se trouve pas habituellement de fleurs. Dans le Pélargonium, une seule fleur de la touffe est très-souvent pélorique, et lorsque cela arrive, j’ai depuis plusieurs années consécutives remarqué que c’est toujours la fleur centrale ; cela paraît même être très-fréquent, car un observateur[3] donne le nom de dix variétés fleurissant à la même époque, et dans chacune desquelles la fleur centrale fut pélorique. Quelquefois plusieurs fleurs d’une grappe sont péloriques, et alors il y en a des latérales. Dans le Pélargonium commun, le sépale supérieur forme un nectaire qui adhère au pédoncule de la fleur ; les deux pétales supé-

  1. Ueber Fötale Rachites, Würzburger Med. Zeitschrift, 1860, vol. I, p. 265.
  2. Tératologie, etc., p. 192. — Dr M. Masters met cette conclusion en doute ; cependant les faits paraissent suffisants pour l’établir.
  3. Journ. of Horticulture, juillet 1861, p. 353.