Modes de transitions. | 201 |
sensibles que l’on peut encore observer dans quelques cas.
Deux organes distincts, ou le même organe sous deux formes différentes, peuvent accomplir simultanément la même fonction chez un même individu, ce qui constitue un mode fort important de transition. Prenons un exemple, il y a des poissons qui respirent par leurs branchies l’air dissous dans l’eau, et qui peuvent, en même temps, absorber l’air libre par leur vessie natatoire, ce dernier organe étant partagé en divisions fortement vasculaires et muni d’un canal pneumatique pour l’introduction de l’air. Prenons un autre exemple dans le règne végétal : les plantes grimpent de trois manières différentes, en se tordant en spirales, en se cramponnant à un support par leurs vrilles, ou bien par l’émission de radicelles aériennes. Ces trois modes s’observent ordinairement dans des groupes distincts, mais il y a quelques espèces chez lesquelles on rencontre deux de ces modes, ou même les trois combinés chez le même individu. Dans des cas semblables l’un des deux organes pourrait facilement se modifier et se perfectionner de façon à accomplir la fonction à lui tout seul ; puis, l’autre organe, après avoir aidé le premier dans le cours de son perfectionnement, pourrait, à son tour, se modifier pour remplir une fonction distincte, ou s’atrophier complètement.
L’exemple de la vessie natatoire chez les poissons est excellent, en ce sens qu’il nous démontre clairement le fait important qu’un organe primitivement construit dans un but distinct, c’est-à-dire pour faire flotter l’animal, peut se convertir en un organe ayant une fonction très différente, c’est-à-dire la respiration. La vessie natatoire fonctionne aussi, chez certains poissons, comme un accessoire de l’organe de l’ouïe. Tous les physiologistes admettent que, par sa position et par sa conformation, la vessie natatoire est homologue ou idéalement semblable aux poumons des vertébrés supérieurs ; on est donc parfaitement fondé à admettre que la vessie natatoire a été réellement convertie en poumon, c’est-à-dire en un organe exclusivement destiné à la respiration.
On peut conclure de ce qui précède que tous les vertébrés pourvus de poumons descendent par génération ordinaire de quelque ancien prototype inconnu, qui possédait un appareil flot-