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Page:Darwin - L’Origine des espèces (1906).djvu/263

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  Objections diverses. 245

îles océaniques que les phoques trouveraient des conditions favorables à un retour graduel à des formes terrestres. Les chauves-souris, comme nous l’avons déjà démontré, ont probablement acquis leurs ailes en glissant primitivement dans l’air pour se transporter d’un arbre à un autre, comme les prétendus écureuils volants, soit pour échapper à leurs ennemis, soit pour éviter les chutes ; mais l’aptitude au véritable vol une fois développée, elle ne se réduirait jamais, au moins en ce qui concerne les buts précités, de façon à redevenir l’aptitude moins efficace de planer dans l’air. Les ailes des chauves-souris pourraient, il est vrai, comme celles de beaucoup d’oiseaux, diminuer de grandeur ou même disparaître complètement par suite du défaut d’usage ; mais il serait nécessaire, dans ce cas, que ces animaux eussent d’abord acquis la faculté de courir avec rapidité sur le sol à l’aide de leurs membres postérieurs seuls, de manière à pouvoir lutter avec les oiseaux et les autres animaux terrestres ; or, c’est là une modification pour laquelle la chauve-souris paraît bien mal appropriée. Nous énonçons ces conjectures uniquement pour démontrer qu’une transition de structure dont chaque degré constitue un avantage est une chose très complexe et qu’il n’y a, par conséquent, rien d’extraordinaire à ce que, dans un cas particulier, aucune transition ne se soit produite.

Enfin, plus d’un auteur s’est demandé pourquoi, chez certains animaux plus que chez certains autres, le pouvoir mental a acquis un plus haut degré de développement, alors que ce développement serait avantageux pour tous. Pourquoi les singes n’ont-ils pas acquis les aptitudes intellectuelles de l’homme ? On pourrait indiquer des causes diverses ; mais il est inutile de les exposer, car ce sont de simples conjectures ; d’ailleurs, nous ne pouvons pas apprécier leur probabilité relative. On ne saurait attendre de réponse définie à la seconde question, car personne ne peut résoudre ce problème bien plus simple : pourquoi, étant données deux races de sauvages, l’une a-t-elle atteint à un degré beaucoup plus élevé que l’autre dans l’échelle de la civilisation ; fait qui paraît impliquer une augmentation des forces cérébrales.

Revenons aux autres objections de M. Mivart. Les insectes,