Objections diverses. | 255 |
effets de l’augmentation avantageuse de l’usage d’une partie. Il paraît toutefois impossible de décider, dans chaque cas particulier, ce qu’il faut attribuer aux effets de l’usage d’un côté et à la sélection naturelle de l’autre.
Je peux citer un autre exemple d’une conformation qui paraît devoir son origine exclusivement à l’usage et à l’habitude. L’extrémité de la queue, chez quelques singes américains, s’est transformée en un organe préhensile d’une perfection étonnante et sert de cinquième main. Un auteur qui est d’accord sur tous les points avec M. Mivart remarque, au sujet de cette conformation, qu’il « est impossible de croire que, quel que soit le nombre de siècles écoulés, la première tendance à saisir ait pu préserver les individus qui la possédaient, ou favoriser leur chance d’avoir et d’élever des descendants. » Il n’y a rien qui nécessite une croyance pareille. L’habitude, et ceci implique presque toujours un avantage grand ou petit, suffirait probablement pour expliquer l’effet obtenu. Brehm a vu les petits d’un singe africain (Cercopithecus) se cramponner au ventre de leur mère par les mains, et, en même temps, accrocher leurs petites queues autour de la sienne. Le professeur Henslow a gardé en captivité quelques rats des moissons (Mus messorius), dont la queue, qui par sa conformation ne peut pas être placée parmi les queues préhensiles, leur servait cependant souvent à monter dans les branches d’un buisson placé dans leur cage, en s’enroulant autour des branches. Le docteur Günther m’a transmis une observation semblable sur une souris qu’il a vue se suspendre ainsi par la queue. Si le rat des moissons avait été plus strictement conformé pour habiter les arbres, il aurait peut-être eu la queue munie d’une structure préhensile, comme c’est le cas chez quelques membres du même ordre. Il est difficile de dire, en présence de ses habitudes pendant sa jeunesse, pourquoi le cercopithèque n’a pas acquis une queue préhensile. Il est possible toutefois que la queue très allongée de ce singe lui rende plus de services comme organe d’équilibre dans les bonds prodigieux qu’il fait, que comme organe de préhension.
Les glandes mammaires sont communes à la classe entière des mammifères, et indispensables à leur existence ; elles ont