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  Nature des affinités. 507

ressemblaient, avant de s’être modifiés autant qu’ils le sont aujourd’hui, à des individus d’un autre groupe mieux protégé ; cette ressemblance accidentelle ayant servi de base à l’acquisition ultérieure d’une ressemblance parfaite.

SUR LA NATURE DES AFFINITÉS RELIANT LES ÊTRES ORGANISÉS.

Comme les descendants modifiés d’espèces dominantes appartenant aux plus grands genres tendent à hériter des avantages auxquels les groupes dont ils font partie doivent leur extension et leur prépondérance, ils sont plus aptes à se répandre au loin et à occuper des places nouvelles dans l’économie de la nature. Les groupes les plus grands et les plus dominants dans chaque classe tendent ainsi à s’agrandir davantage, et, par conséquent, à supplanter beaucoup d’autres groupes plus petits et plus faibles. On s’explique ainsi pourquoi tous les organismes, éteints et vivants, sont compris dans un petit nombre d’ordres et dans un nombre de classes plus restreint encore. Un fait assez frappant prouve le petit nombre des groupes supérieurs et leur vaste extension sur le globe, c’est que la découverte de l’Australie n’a pas ajouté un seul insecte appartenant à une classe nouvelle ; c’est ainsi que, dans le règne végétal, cette découverte n’a ajouté, selon le docteur Hooker, que deux ou trois petites familles à celles que nous connaissions déjà.

J’ai cherché à établir, dans le chapitre sur la succession géologique, en vertu du principe que chaque groupe a généralement divergé beaucoup en caractères pendant la marche longue et continue de ses modifications, comment il se fait que les formes les plus anciennes présentent souvent des caractères jusqu’à un certain point intermédiaires entre des groupes existants. Un petit nombre de ces formes anciennes et intermédiaires a transmis jusqu’à ce jour des descendants peu modifiés, qui constituent ce qu’on appelle les espèces aberrantes. Plus une forme est aberrante, plus le nombre des formes exterminées et totalement disparues qui la rattachaient à d’autres formes doit être considérable. Nous avons la preuve que les groupes aberrants ont dû subir de nombreuses extinctions, car ils ne sont ordinai-