Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/219

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Papous et des Malais, qui sont séparés, ainsi que l’a établi M. Wallace, par la même ligne que celle qui divise les grandes régions zoologiques malaisienne et australienne.

Les indigènes de l’Amérique s’étendent sur tout le continent, ce qui paraît d’abord contraire à la règle que nous venons de mentionner, car la plupart des productions de la moitié septentrionale et de la moitié méridionale du continent diffèrent considérablement ; cependant, quelques animaux, l’Opossum, par exemple, habitent l’une et l’autre moitié du continent comme le faisaient autrefois quelques Édentés gigantesques. Les Esquimaux, comme les autres animaux arctiques, occupent l’ensemble des régions qui entourant le pôle. Il faut observer que les mammifères qui habitent les diverses régions zoologiques ne diffèrent pas également les uns des autres ; de sorte qu’on ne doit pas considérer comme une anomalie, que le nègre diffère plus, et que l’Américain diffère moins des autres races humaines, que ne le font les mammifères des mêmes continents de ceux des autres régions. Ajoutons que l’homme, dans le principe, ne paraît avoir habité aucune île océanique ; il ressemble donc, sous ce rapport, aux autres membres de la classe à laquelle il appartient.

Quand il s’agit de déterminer si les variétés d’un même animal domestique constituent des espèces distinctes, c’est-à-dire si elles descendent d’espèces sauvages différentes, le naturaliste attache beaucoup de poids au fait de la spécificité distincte des parasites externes propres à ces variétés. Ce fait aurait une portée d’autant plus grande qu’il serait exceptionnel. M. Denny m’apprend, en effet, qu’une même espèce de poux vit en parasite sur les races les plus diverses de chiens, de volailles et de pigeons, en Angleterre. Or, M. A. Murray a étudié avec beaucoup de soin les poux recueillis dans différents pays sur les diverses races humaines[1] ; il a observé que ces poux diffèrent, non seulement au point de vue de la couleur, mais aussi de la conformation des griffes et des membres. Les différences sont restées constantes, quelque nombreux que fussent les individus recueillis. Le chirurgien d’un baleinier m’a affirmé que, lorsque les poux qui infestaient quelques indigènes des îles Sandwich qu’il avait à bord, s’égaraient sur le corps des matelots anglais, ils périssaient au bout de trois ou quatre jours. Ces poux étaient plus foncés et paraissaient appartenir à une espèce différente de ceux qui attaquent les indigènes de Chiloe dans l’Amérique du Sud, poux dont il m’a envoyé des spécimens. Ceux-ci sont plus grands

  1. Transact. Roy. Soc. of Edinburgh, vol. XXII, 1861, p. 567.