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outan ; mais il ajoute que les deux cerveaux ne concordent complètement à aucune période de leur développement ; concordance à laquelle on ne doit d’ailleurs pas s’attendre, car autrement leurs facultés mentales seraient les mêmes. Vulpian[1] fait la remarque suivante : « Les différences réelles qui existent entre l’encéphale de l’homme et celui des singes supérieurs sont bien minimes. Il ne faut pas se faire d’illusions à cet égard. L’homme est bien plus près des singes anthropomorphes par les caractères anatomiques de son cerveau que ceux-ci ne le sont non-seulement des autres mammifères, mais même de certains quadrumanes, des guenons et des macaques. » Mais il serait superflu d’entrer ici dans plus de détails sur l’analogie qui existe entre la structure du cerveau et toutes les autres parties du corps de l’homme et la conformation des mammifères supérieurs.

Il peut cependant être utile de spécifier quelques points, ne se rattachant ni directement ni évidemment à la conformation, mais qui témoignent clairement de cette analogie ou de cette parenté.

L’homme peut recevoir des animaux inférieurs, et leur communiquer certaines maladies comme la rage, la variole, la morve, la syphilis, le choléra, l’herpès, etc.[2], fait qui prouve bien plus évidemment l’extrême similitude[3] de leurs tissus et de leur sang, tant dans leur composition que dans leur structure élémentaire, que ne le pourrait faire une comparaison faite sous le meilleur microscope, ou l’analyse chimique la plus minutieuse. Les singes sont sujets à un grand nombre de nos maladies non contagieuses ; ainsi Rengger[4], qui a observé pendant longtemps le Cebus Azaræ dans son pays natal, a démontré qu’il est sujet au catarrhe, avec ses symptômes ordinaires qui amènent la phthisie lorsqu’ils se répètent souvent. Ces singes souffrent aussi d’apoplexie, d’inflammation des entrailles et de la cataracte. La fièvre emporte souvent les jeunes au moment où ils perdent leurs dents de lait. Les remèdes ont sur les singes les mêmes effets que sur nous. Plusieurs espèces de sin-

  1. Leçons sur la physiologie, 1866, p. 890, citées par M. Dally : l’Ordre des primates et le transformisme, 1868, p. 29.
  2. Le Dr W. Lauder Lindsay a traité longuement ce sujet, Journal of Mental Science, juillet 1871 ; Edimburgh Veterinarian Review, juillet 1858.
  3. Un écrivain (British quarterly Review, 1 octobre 1871. p. 472) a critiqué en termes très sévères et très violents l’allusion contenue dans cette phrase ; mais, comme je n’emploie pas le terme identité, je ne crois pas faire erreur. Il me paraît y avoir une grande analogie entre une même maladie contagieuse ou épidémique produisant un même résultat ou un résultat presque analogue chez deux animaux distincts et l’essai de deux fluides distincts par un même réactif chimique.
  4. Naturgeschichte der Säugethiere von Paraguay, 1830, p. 50.