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queue une touffe de poils droits et résistants comme ceux d’un peigne, qui, chez un individu ayant 15 centimètres de long, atteignaient environ 4 centimètres de longueur ; la femelle porte à la même place une touffe de soies que l’on pourrait comparer à celles d’une brosse à dents. Chez une autre espèce, le M. peronii, le mâle est pourvu d’une brosse qui ressemble à celle de la femelle de l’espèce précédente, tandis que les côtés de la queue de la femelle restent lisses. Chez quelques autres espèces du même genre, la queue est un peu rugueuse chez le mâle et parfaitement lisse chez la femelle ; enfin, chez d’autres espèces, la queue chez les mâles et chez les femelles est parfaitement lisse.

Beaucoup de poissons mâles se livrent des combats acharnés pour s’emparer des femelles. Ainsi, on assure que l’Épinoche mâle (Gasterosteus leiurus) devient « fou de joie » lorsque la femelle sort de sa cachette pour examiner le nid qu’il a construit à son intention. « Il va et vient autour d’elle, retourne au dépôt des matériaux accumulés pour le nid, puis revient, et, si elle n’avance pas, il cherche à l’entraîner vers le nid en la poussant avec son museau, ou en la tirant par la queue ou par l’épine qu’elle porte sur le côté[1]. » Les mâles[2], polygames dit-on, sont très-hardis et très-belliqueux, tandis que les femelles sont très pacifiques. Les mâles se livrent quelquefois des combats acharnés ; ils s’attachent fortement l’un à l’autre pendant quelques instants, et se culbutent mutuellement, jusqu’à ce qu’ils aient épuisé leurs forces. » Les G. trachurus mâles, pendant le combat, tournent l’un autour de l’autre, et cherchent à se mordre et à se transpercer au moyen de leurs épines latérales redressées. Le même observateur ajoute[3] : « La morsure de ces petits poissons cause une blessure très-grave. Ils se servent aussi de leurs piquants latéraux avec tant d’efficacité, que j’ai vu un de ces poissons qui, ayant été pendant la lutte complètement éventré par son adversaire, tomba au fond et périt. Lorsqu’un G. trachurus est vaincu, son air hardi l’abandonne, ses vives couleurs disparaissent, et il va cacher sa honte parmi ses compagnons plus pacifiques, mais il reste pendant quelque temps l’objet constant des persécutions du vainqueur. »

Le saumon mâle a un caractère aussi belliqueux que le petit épinoche, et, d’après le docteur Günther, la truite mâle partage les mêmes dispositions. M. Shaw a observé deux saumons

  1. Articles de M. R. Warington, Ann. and Mag. of Nat. Hist., Oct. 1852 et Nov. 1855.
  2. Noel Humphreys, River Gardens, 1857.
  3. Loudon, Mag. of Nat. Hist., vol. III, 1830, p. 331.