Page:Darwin - La Descendance de l’homme, 1881.djvu/536

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cineutes, la différence entre les sexes est remarquable ; le mâle a la surface supérieure du corps bleu terne rayé de noir, la surface inférieure en partie couleur fauve, il porte en outre beaucoup de rouge sur la tête ; la femelle a la surface supérieure du corps brun rougeâtre rayé de noir, et la surface inférieure blanche avec des marques noires. Nous devons signaler la coloration de trois espèces de Dacelo, car elle nous offre la preuve que le même type de coloration sexuelle caractérise souvent des formes voisines ; chez ces espèces, le mâle ne diffère de la femelle que par sa queue bleu terne, rayée de noir, tandis que celle de la femelle est brune avec des barres noirâtres ; de sorte que, dans ce cas, la couleur de la queue diffère chez les mâles et les femelles de la même manière que la surface supérieure entière du corps chez les Carcineutes.

On peut observer des cas analogues chez les perroquets, qui construisent également leurs nids dans des trous ; les mâles et les femelles de la plupart des espèces affectent des couleurs très-brillantes, et il est impossible de les distinguer l’un de l’autre ; mais chez un certain nombre d’espèces les mâles affectent des tons plus vifs que les femelles et sont même autrement colorés qu’elles. Ainsi, outre d’autres différences très-fortement accusées, toute la partie inférieure du corps de l’Aprosmictus scapulatus mâle est écarlate, tandis que la gorge et le poitrail de la femelle sont verts, teintés de rouge ; chez l’Euphema splendida, on observe une différence analogue : la face et les rémiges tectrices de la femelle sont, en outre, bleu plus clair que chez le mâle[1]. Dans la famille des mésanges (Parinæ), qui construisent des nids cachés, la femelle de notre espèce bleue commune (Parus ceruleus) est « beaucoup moins vivement colorée que le mâle, » et on observe une différence encore plus considérable chez la superbe mésange jaune de l’Inde[2].

Dans le groupe des pics[3], les individus des deux sexes se rassemblent généralement beaucoup ; mais, chez le Megapicus validus, toutes les parties de la tête, du cou et du poitrail, qui sont cramoisies chez le mâle, sont brun pâle chez la femelle. La tête des mâles chez plusieurs pics affecte une teinte écarlate brillant, tandis que celle de la femelle reste terne ; cette différence m’a conduit à penser que cette couleur si voyante devait constituer un grand danger pour la femelle quand elle mettait la tête hors du trou renfermant

  1. On peut suivre chez les perroquets d’Australie tous les degrés de différences entre les sexes. Gould, o. c., vol. II, p. 14-102.
  2. Macgillivray, Brit. Birds, vol. II, p. 433 ; Jerdon, Birds of India, vol. II, p. 282.
  3. Tous les faits suivants sont empruntés à la belle Monographie des Picidées, 1861, de M. Malherbe.