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du Sud à Paris ; dans la grotte d’Orrony, dont le contenu paraît appartenir à la période du bronze, huit humérus sur trente-deux étaient perforés ; mais il semble que cette proportion extraordinaire peut être due à ce que la caverne avait sans doute servi de caveau de famille. M. Dupont a trouvé aussi dans les grottes de la vallée de la Lesse, appartenant à l’époque du renne, 30 p. 100 d’os perforés ; tandis que M. Leguay, dans une espèce de dolmen, à Argenteuil, en observa 25 p. 100 présentant la même particularité. Pruner-Bey a constaté le même état chez 26 p. 100 d’os provenant de Vauréal. Le même auteur ajoute que cette condition est commune dans les squelettes des Guanches. » Le fait que, dans ce cas, ainsi que dans plusieurs autres, la conformation des races anciennes se rapproche plus des animaux inférieurs que celle des races modernes, est fort intéressant. Cela vient probablement en grande partie de ce que les races anciennes, dans la longue ligne de descendance, se trouvent quelque peu plus rapprochées que les races modernes de leurs ancêtres primordiaux.

Bien que fonctionnellement nul comme queue, l’os coccyx de l’homme représente nettement cette partie des autres animaux vertébrés. Pendant la première période embryonnaire, cet os est libre, et, comme nous l’avons vu, dépasse les extrémités postérieures. Dans certains cas rares et anormaux[1], il constitue, même après la naissance, un petit rudiment externe de queue. L’os coccyx est court ; il ne comprend ordinairement que quatre vertèbres ankylosées ; elles restent à l’état rudimentaire, car elles ne présentent, à l’exception de celle de la base, que la partie centrale seule[2]. Elles possèdent quelques petits muscles, dont l’un, à ce que m’apprend le professeur Turner, a été décrit par Theile, comme une répétition rudimentaire exacte de l’extenseur de la queue, muscle qui est si complètement développé chez beaucoup de mammifères.

Chez l’homme, la moelle épinière ne s’étend pas au-delà de la dernière vertèbre dorsale ou de la première vertèbre lombaire, mais un corps filamenteux (filum terminale) se continue dans l’axe de la partie sacrée du canal vertébral et même le long de la face postérieure des os coccygiens. La partie supérieure de ce filament, d’après le professeur Turner, est, sans aucun doute, l’homologue

  1. M. de Quatrefages a recueilli les preuves sur ce sujet, Revue des cours scientifiques, 1867-68, p. 625. Fleischmann a exhibé, en 1840, un fœtus humain ayant une queue libre, laquelle, ce qui n’est pas toujours le cas, comprenait des corps vertébraux ; cette queue a été examinée et décrite par plusieurs anatomistes présents à la réunion des naturalistes à Erlangen ; voir Marshall, Niederländischen Archiv für Zoologie, décembre 1871.
  2. Owen, On the nature of limbs, 1849, p. 114.