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de la moelle épinière, mais la partie inférieure semble se composer simplement de la pie-mère, soit la membrane vasculaire qui l’entoure. Même dans ce cas, on peut considérer que l’os coccyx possède un vestige d’une conformation aussi importante que la moelle épinière, bien que n’étant plus contenu dans un canal osseux. Le fait suivant, que j’emprunte aussi au professeur Turner, prouve combien l’os coccyx correspond à la véritable queue des animaux inférieurs : Luschka a récemment découvert, à l’extrémité des os coccygiens, un corps enroulé très particulier, qui est continu avec l’artère sacrée médiane. Cette découverte a conduit Krause et Moyer à examiner la queue d’un singe (macaque) et celle d’un chat, et ils ont trouvé chez toutes deux, quoique pas à l’extrémité, un corps enroulé semblable.

Le système reproducteur offre diverses conformations rudimentaires, mais qui diffèrent par un point important des cas précédents. Il ne s’agit plus ici de vestiges de parties, qui n’appartiennent pas à l’espèce à l’état actif, mais d’une partie qui est toujours présente et active chez un sexe, tandis qu’elle est représentée chez l’autre par un simple rudiment. Néanmoins l’existence de rudiments de ce genre est aussi difficile à expliquer que les cas précédents, si l’on se place au point de vue de la création séparée de chaque espèce. J’aurai, plus loin, à revenir sur ces rudiments, et je prouverai que leur présence dépend généralement de l’hérédité seule, c’est-à-dire que certaines parties acquises par un sexe ont été transportées partiellement à l’autre. Je me borne ici à indiquer quelques-uns de ces rudiments. On sait que tous les mammifères mâles, l’homme compris, ont des mamelles rudimentaires. Il est arrivé que, dans quelques cas, celles-ci se sont développées et ont fourni du lait en abondance. Leur identité essentielle chez les deux sexes est également prouvée par le gonflement occasionnel dont elles sont le siège pendant une attaque de rougeole. La vésicule prostatique vesicula prostatica, qui a été observée chez beaucoup de mammifères mâles, est aujourd’hui universellement reconnue pour être l’homologue de l’utérus femelle, ainsi que le passage en rapport avec lui. Il est impossible de lire la description que fait Leuckart de cet organe, et l’argument qu’il en tire, sans admettre la justesse de ses conclusions. Cela est surtout apparent chez les mammifères dont l’utérus se bifurque chez la femelle, car, chez les mâles de ces espèces, la même bifurcation s’observe dans la vésicule[1]. Je pourrais encore mentionner ici quelques

  1. Leuckart, Todd, Cyclop, of Anat., 1849-52, t. IV, p. 1415. Cet organe