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la face, sous les yeux, une protubérance cartilagineuse qui correspond au bourrelet flexible du Phacochoerus ; et, sur la mâchoire supérieure, au-dessus des narines, deux protubérances osseuses. Un sanglier de cette espèce ayant récemment pénétré dans la cage du Phacochoerus aux Zoological Gardens, les deux animaux se battirent toute la nuit, et on les trouva le matin très-épuisés, mais sans blessure sérieuse. Fait significatif et qui prouve que les excroissances et les protubérances que nous venons de décrire servent bien de moyen de défense ; ces parties étaient ensanglantées, lacérées et déchirées d’une façon extraordinaire.

Fig. 67. — Phacochoerus Ethiopicus (Proc. Zool. Soc., 1860.
Je m’aperçois que ce dessin représente la tête d’une femelle ; elle peut servir quelquefois à indiquer, sur une échelle réduite, les caractères du mâle.

Bien que des membres mâles de la famille porcine soient pourvus d’armes offensives et, comme nous venons de le voir, d’armes défensives, ces armes semblent avoir été acquises à une époque géologique comparativement récente, le Dr Forsyth Major énumère[1] plusieurs espèces miocènes chez aucune desquelles les défenses ne paraissent avoir été très-développées chez le mâle ; le professeur Rutimeyer a constaté le même fait avec un certain étonnement.

La crinière du lion constitue pour cet animal une excellente défense contre le seul danger auquel il soit exposé, l’attaque de lions rivaux ; car, ainsi que me l’apprend Sir A. Smith, les mâles se livrent des combats terribles, et un jeune lion n’ose pas approcher d’un vieux. En 1857, à Bromwich, un tigre ayant pénétré dans la cage d’un lion, il s’ensuivit une lutte effroyable : « le lion, grâce à

  1. Atti della Soc. Italiana di Sc. Nat., 1873, vol. xv, fasc. IV.