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ronds, plus saillants sur certaines parties, et le bassin plus large[1]. Mais ce dernier caractère constitue plutôt un caractère sexuel primaire qu’un caractère sexuel secondaire. La femme atteint la maturité à un âge plus précoce que l’homme.

Les caractères distinctifs du sexe masculin ne se développent complètement chez l’homme, comme chez les animaux de toutes classes, qu’au moment où il devient adulte ; ces caractères n’apparaissent jamais non plus après la castration. La barbe, par exemple, est un caractère sexuel secondaire, et les enfants mâles n’ont pas de barbe, bien que, dès le jeune âge, ils aient une chevelure abondante. C’est probablement à l’apparition un peu tardive dans la vie des variations successives qui donnent à l’homme ses caractères masculins, qu’il faut attribuer leur transmission au sexe mâle seul. Les enfants des deux sexes se ressemblent beaucoup, comme les jeunes de tant d’autres animaux chez lesquels les adultes diffèrent considérablement ; ils ressemblent également beaucoup plus à la femme adulte qu’à l’homme adulte. Toutefois la femme acquiert ultérieurement certains caractères distinctifs, et par la conformation de son crâne elle occupe, dit-on, une position intermédiaire entre l’homme et l’enfant[2]. De même encore que nous avons vu les jeunes d’espèces voisines, quoique distinctes, différer entre eux beaucoup moins que ne le font les adultes, de même les enfants des diverses races humaines diffèrent entre eux moins que les adultes. Quelques auteurs soutiennent même qu’on ne peut distinguer dans le crâne de l’enfant les différences de race[3]. Quant à la couleur, le nègre nouveau-né est d’un brun rougeâtre qui passe bientôt au gris ardoisé ; la coloration noire est complète à l’âge d’un an dans le Soudan ; en Égypte elle ne l’est qu’au bout de trois ans. Les yeux du nègre sont d’abord bleus, et les cheveux, plus châtains que noirs, ne sont frisés qu’à leurs extrémités. Les enfants australiens sont, à leur naissance, d’un brun jaunâtre, qui ne devient foncé qu’à un âge plus avancé. Ceux des Guaranys, dans le Paraguay, sont d’abord jaune blanchâtre, mais ils acquièrent au bout de quelques semaines la nuance brune jaunâtre de leurs parents. On a fait des observations semblables dans d’autres parties de l’Amérique[4].

  1. Ecker, trad. dans Anthrop. Review, p. 351-356, Oct. 1868. Welcker a étudié avec soin la comparaison de la forme du crâne chez l’homme et chez la femme.
  2. Ecker et Welcker, o. c., p. 352, 353. Vogt, Leçons sur l’homme, p. 98. trad française.
  3. Schaaffhausen. Anthrop. Review, p. 429.
  4. Pruner-Bey, sur les enfants nègres, cité par Vogt, Leçons sur l’homme, trad. française, 1865). Pour plus de détails cités par Winterbottom et Camper, voir aussi Lawrence, Lectures on Physiology, etc., p. 451, 1822. Pour les enfants