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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/228

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tières organiques n’est que de 1,76 pour cent ; dans un sol préparé artificiellement, elle s’élevait à 5,5 pour cent, et dans le fameux sol noir de Russie, elle varie de 5 à 12 pour cent[1]. Dans la terre formée exclusivement par la décomposition des feuilles, cette proportion est beaucoup plus grande, et, dans la tourbe, le carbone seul constitue parfois jusqu’à 64 pour cent de la masse ; mais nous n’avons pas affaire ici à ces derniers cas. Le carbone dans le sol tend graduellement à s’oxyder et à disparaître, excepté là où l’eau s’accumule et où le climat est froid[2] ; de la sorte, dans le plus vieux champ de pâturage il n’y a pas grand excès de matières organiques, malgré la décomposition continuelle des racines et des tiges souterraines des plantes, et aussi, à l’occasion, l’addition d’engrais. La disparition des matières organiques de la terre végétale est probablement fort favorisée par les vers, qui les amènent sans cesse à la surface dans leurs déjections.

D’autre part, les vers augmentent beaucoup la quantité de matières organiques dans le sol par le nombre étonnant de feuilles à demi décomposées qu’ils traînent dans leurs galeries jusqu’à une profondeur de 2 à 3 pouces. Ils font cette provision de feuilles surtout pour se ménager de la nourriture, mais en partie aussi pour fermer l’ouverture de leurs galeries et pour

  1. Ces données sont empruntées à von Hensen dans « Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie », vol. XXVIII, 1877, p. 360. Celles relatives à la tourbe sont prises du travail de M. A. A. Julien, dans « Proc. American Assoc. Science », 1879, p. 314.
  2. J’ai indiqué quelques faits sur les conditions climatériques nécessaires ou favorables à la formation de la tourbe dans mon Journal de Recherches, 1845, p. 287.