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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/286

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la nourriture des plantes à racines fibreuses, et pour celles de semences de toute sorte. Ils exposent périodiquement à l’air la terre végétale et la tamisent de manière à n’y pas laisser de pierres plus grosses que les particules qu’ils peuvent avaler. Ils mêlent le tout ensemble d’une façon intime, comme un jardinier qui prépare un sol choisi pour ses meilleures plantes. Dans cet état, ce sol est capable de conserver l’humidité, d’absorber toutes les substances solubles et aussi de donner lieu à la formation de salpêtre. Les os d’animaux morts, les parties les plus dures des insectes, les coquilles de mollusques terrestres, des feuilles, des rameaux, etc., sont en peu de temps enterrés sous les déjections accumulées par les vers et mis ainsi dans un état plus ou moins avancé de décomposition, à portée des racines des plantes. Les vers entraînent de même dans leurs galeries un nombre infini de plantes mortes et d’autres parties de plantes, soit pour en boucher l’ouverture, soit pour s’en servir comme de nourriture.

Après avoir été traînées dans les galeries, les feuilles qui servent de nourriture sont déchirées en tout petits lambeaux, digérées en partie et saturées des sécrétions intestinales et urinaires pour être ensuite mêlées à une grande quantité de terre. Cette terre forme l’humus riche, de couleur foncée, qui recouvre presque partout d’une assise bien définie la surface du sol. Von Hensen[1] plaça dans un vase large de 18 pouces en diamètre deux vers : le vase était rempli de sable sur

  1. Zeitschrift für wissenschaftl. Zoolog. Vol. XXVIII, 1877. p. 360.