Aller au contenu

Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

temps sans être remué, et dans ceux où la terre végétale est à découvert sur les bords d’un fossé ou d’une excavation. Notre sujet ne paraît guère avoir d’importance, mais nous verrons qu’il présente pourtant son intérêt et que la maxime de minimis lex non curat ne s’applique pas à la science. Élie de Beaumont même qui, en général, n’estime pas à leur véritable valeur les influences petites et leurs effets accumulés, en fait la remarque[1] : «  La couche très mince de la terre végétale est, dit-il, un monument d’une haute antiquité, et, par le fait de sa permanence, un objet digne d’occuper le géologue, et capable de lui fournir des remarques intéressantes. » La couche superficielle de terre végétale remonte, sans doute, dans son ensemble à la plus haute antiquité, mais pour ce qui est de sa permanence, nous verrons ci-après qu’il y a au contraire des raisons de croire que ses particules constituantes sont, dans la plupart des cas, renouvelées d’une façon assez rapide et remplacées par d’autres dues à la désagrégation des matériaux sous-jacents.

Amené à conserver pendant de longs mois, dans mon cabinet d’étude, des vers, dans des pots remplis de terre, je me pris d’intérêt pour ces animaux, et je voulus rechercher jusqu’à quel point ils agissaient sciemment, et combien ils déployaient d’intelligence. J’étais d’autant plus désireux d’apprendre quelque chose à cet égard, qu’on possède, à ma connaissance, peu d’observations de ce genre sur des animaux aussi bas dans l’échelle des êtres organisés et aussi pauvrement

  1. Leçons de géologie pratique, tom. I. 1845. p. 140.