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Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/35

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pourvus d’organes des sens que le sont les vers de terre.

En 1837, je présentais à la Société Géologique de Londres[1] une petite note sur la « Formation de la terre végétale ; » j’y montrai que de petits fragments de marne calcinée, des cendres étendues en grande quantité à la surface de plusieurs prairies, se retrouvèrent quelques années plus tard à une épaisseur de plusieurs pouces au-dessous du gazon, mais constituant encore une couche continue. Cet enfouissement apparent de corps situés d’abord à la surface du sol est dû, comme me l’a suggéré le premier M. Wedgwood de Maer Hall en Staffordshire, à la quantité considérable de terre fine que les vers reportent continuellement à la surface sous forme de résidus du canal alimentaire. Ces éjections sont tôt ou tard éparpillées et recouvrent tout objet laissé à la surface. C’est ainsi que je fus amené à conclure que la terre végétale sur toute l’étendue d’un pays a passé bien des fois par le canal intestinal des vers et y passera bien des fois encore. Par suite, le terme de « terre animale » serait à certains égards plus juste que celui communément usité de « terre végétale. »

Dix ans après la publication de ma note, M. d’Archiac, évidemment sous l’influence des doctrines d’Élie de Beaumont, parla de ma « singulière théorie, » et il objecta qu’elle ne s’appliquerait qu’aux « prairies basses et humides, » et que « les terres labourées, les

  1. Zeitschrift für wissenschaft. Zoologie. B. XXVIII, 1877, p. 361.