Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/58

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droits où étaient enfouis les objets indiqués plus haut ; mais je n’ai jamais vu de vers agissant de la sorte. Deux fois j’enfouis des pièces de feuille de chou et d’oignon sous du sable ferrugineux très fin, je le tassai légèrement et l’arrosai bien jusqu’à le rendre fort compacte et ces pièces ne furent jamais découvertes. Dans un troisième cas, la même sorte de sable ne fut ni tassée ni arrosée, et les pièces de chou étaient déjà découvertes et enlevées après la seconde nuit. Ces différents faits montrent que les vers sont doués d’un certain odorat, et que par ce moyen ils découvrent des aliments odoriférants et fort recherchés d’eux.

Il est permis de supposer que tous les animaux qui se nourrissent de substances variées possèdent le sens du goût, et c’est certainement le cas pour les vers. Ils aiment beaucoup les feuilles de chou, et ils semblent pouvoir faire une distinction entre différentes variétés ; mais cela provient peut-être de différences dans la texture de ces feuilles. Dans onze cas, on donna aux vers des pièces de feuilles fraîches d’une variété verte commune et d’autres de la variété rouge employée pour les conserves au vinaigre ; ils préférèrent les vertes, les rouges restant ou tout à fait négligées ou bien moins attaquées. Dans deux cas cependant, ils parurent préférer les rouges. Des feuilles à demi gâtées de la variété rouge et des feuilles fraîches de la verte furent entamées d’une façon à peu près égale. Quand on leur donna tout ensemble des feuilles de chou, de raifort (une de leurs nourritures favorites) et d’oignon, ils préférèrent toujours ces dernières et cela d’une façon ma-