Page:Darwin - Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nifeste. On leur donna aussi tout à la fois des feuilles de chou, de tilleul, d’ampelopis, de panais (Pastinaca) et de céleri (Apium), et ils mangèrent tout d’abord celles de céleri. Mais quand on leur donna ensemble des feuilles de chou, de navet, de betterave, de céleri, de cerisier sauvage et de carotte, ils préférèrent les deux dernières espèces, et tout spécialement celles de carotte, à toutes les autres, y compris celles du céleri. Après de nombreux essais il était donc manifeste que les feuilles de cerisier sauvage étaient de beaucoup préférées à celles de tilleul et de coudrier (Corylus). D’après M. Bridgman, les vers ont une préférence particulière pour les feuilles à demi gâtées du Phlox verna[1].

Des morceaux de feuilles de chou, de navet, de raifort et d’oignon furent laissés sur les pots pendant 22 jours, et toutes furent entamées et durent être renouvelées ; mais pendant tout ce laps de temps, des feuilles d’une espèce d’armoise et d’autres de la sauge culinaire, de thym et de menthe, mêlées aux feuilles précédentes, restèrent absolument négligées, sauf celles de la menthe qui furent à l’occasion grignotées, mais très faiblement. Ces quatre dernières espèces de feuilles ne diffèrent pas dans leur texture de manière à pouvoir devenir désagréables aux vers ; elles ont toutes un goût bien accentué, mais c’est ce qu’ont aussi les quatre espèces de feuilles mentionnées d’abord ; et la grande différence des résultats doit nécessairement être rapportée à une préférence que les vers ont pour le goût de l’une plutôt que pour celui de l’autre.

  1. The Zoologist, vol. VII, 1849. p. 2576.