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QUADRUPÈDES ÉTEINTS.

sions ; 2o le Mégalonyx, immense animal appartenant à la même famille ; 3o le Scélidothérium, animal appartenant aussi à la même famille, dont je trouvai un squelette presque complet. Cet animal doit avoir été aussi grand que le rhinocéros ; la structure de sa tête le rapproche, selon M. Owen, du fourmilier du Cap ; mais, sous d’autres rapports, il se rapproche du Tatou ; 4o le Mylodon Darwinii, genre très-proche du Scélidothérium, mais de taille un peu inférieure ; 5o un autre édenté gigantesque ; 6o un grand animal portant une carapace osseuse à compartiments, ressemblant beaucoup à celle du Tatou ; 7o une espèce éteinte de cheval, dont j’aurai à reparler par la suite ; 8o la dent d’un pachyderme, probablement un Macrauchenia, immense animal ayant un long cou, comme le chameau, et dont j’aurai aussi à reparler ; 9o enfin le Toxodon, un des animaux les plus étranges peut-être qu’on ait jamais découverts. Par sa taille, cet animal ressemblait à l’éléphant ou au mégathérium ; mais la structure de ses dents, ainsi que l’affirme M. Owen, prouve incontestablement qu’il était allié de fort près aux rongeurs, ordre qui comprend aujourd’hui les plus petits quadrupèdes ; par bien des points, il se rapproche aussi des pachydermes ; enfin, à en juger par la position de ses yeux, de ses oreilles et de ses narines, il avait probablement des habitudes aquatiques, comme le Dugong et le Lamantin, dont il se rapproche aussi. Combien il est étonnant de trouver ces différents ordres, aujourd’hui si bien séparés, confondus dans les différentes parties de l’organisation du Toxodon !

Je trouvai les restes de ces neuf grands quadrupèdes, ainsi que beaucoup d’ossements détachés, enfouis sur la côte dans un espace d’environ 200 mètres carrés. Il est fort remarquable que tant d’espèces différentes se soient trouvées réunies ; cela constitue tout au moins une preuve de la multiplicité des espèces des anciens habitants du pays. À 30 milles environ de Punta Alla, j’ai trouvé, dans une falaise de terre rouge, plusieurs fragments d’ossements, dont beaucoup avaient également des dimensions considérables. Parmi eux, je remarquai les dents d’un rongeur, ressemblant beaucoup, et par la grandeur et par la conformation, à celles du Capybara, dont j’ai décrit les habitudes ; elles provenaient donc probablement d’un animal aquatique. Je trouvai aussi, au même endroit, une partie de la tête d’un Cténomys, espèce différente du Tucutuco, mais avec une grande ressemblance générale. La terre rouge dans laquelle étaient enfouis ces restes fossiles contient,