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LES ILES FALKLAND.

qu’une seule classe de faits relatifs à certains zoophytes placés dans la division des Bryozoaires la mieux organisée de cette classe. Plusieurs genres, les Flustres, les Eschares, les Cellaria, les Crisia et d’autres encore, se ressemblent sous ce rapport qu’ils possèdent, attachés à leurs cellules, de singuliers organes mobiles, les Avicularia, ressemblant à ceux de la Flustra avicularia que l’on trouve dans les mers européennes. Cet organe, dans la plupart des cas, ressemble beaucoup à la tête d’un vautour, mais la mandibule inférieure peut s’ouvrir beaucoup plus largement que le bec d’un oiseau. La tête elle-même, ajustée à l’extrémité d’un cou assez court, peut se mouvoir dans beaucoup de directions. Chez un de ces zoophytes, la tête elle-même est fixe, mais la mâchoire inférieure libre de ses mouvements ; chez un autre, cette mâchoire inférieure est remplacée par un capuchon triangulaire, avec une trappe admirablement adaptée. Dans le plus grand nombre des espèces, chaque cellule est pourvue d’une tête ; quelques autres espèces en possèdent deux par cellule.

Les deux cellules de l’extrémité des branches de ces Bryozoaires, contiennent des polypes qui sont loin d’être parvenus à leur maturité ; cependant les Avicularia ou têtes de vautour qui y sont accolées, bien que petites, sont parfaites sous tous les rapports. Quand on enlève avec une aiguille le polype de l’une des cellules, ces organes ne paraissent pas en être affectés. Quand on coupe la tête de vautour, la mandibule inférieure conserve la faculté de s’ouvrir et de se refermer. La plus singulière particularité de leur conformation est peut-être que, lorsqu’il y a plus de deux rangées de cellules sur une branche, les appendices des cellules centrales n’ont que le quart de la grosseur de ceux des cellules extérieures. Les mouvements de ces appendices varient selon les espèces ; chez quelques espèces je n’ai pas remarqué le moindre mouvement, tandis que chez d’autres la tête oscille d’avant en arrière, chaque oscillation durant environ

    cun 3 millièmes de pouce de diamètre. Ces enveloppes sphériques, accolées deux par deux en rangées transversales, forment une espèce de ruban ; le ruban que j’ai observé adhérait par un de ses bords au rocher et formait un ovale s’élevant régulièrement ; il mesurait 20 pouces de longueur et un demi-pouce de largeur. En comptant combien il y avait de boules dans la dixième partie d’un pouce, j’en arrivai à la conclusion, fort au-dessous de la vérité d’ailleurs, qu’il y avait six cent mille œufs dans le ruban. Cependant cette Doris n’est certainement pas commune, car, bien que je fusse constamment occupé à chercher sous les pierres, je n’en ai vu que sept. Mais aucune erreur n’est plus répandue chez les naturalistes que celle-ci, à savoir : que le nombre des individus d’une espèce dépend de la puissance de propagation de cette espèce.