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HAUTEUR DE LA LIGNE DES NEIGES.

comparée à celle des terres, semble régner sur la plus grande partie de l’hémisphère méridional ; en conséquence, la végétation revêt un caractère semi-tropical. Les fougères arborescentes croissent admirablement à la Terre de Van-Diémen (latitude, 45 degrés) et un tronc que j’ai mesuré n’avait pas moins de 6 pieds de circonférence. Forster a trouvé une fougère arborescente à la Nouvelle-Zélande, par 46 degrés de latitude ; là aussi les orchidées poussent en parasites sur les arbres. Dans les îles Auckland, selon le docteur Dieffenbach[1], les fougères ont des tiges si grosses et si élevées, qu’on pourrait presque les qualifier d’arborescentes ; les perroquets abondent dans ces îles et même jusque par 53 degrés de latitude dans les îles Macquarrie.

Sur la hauteur de la limite des neiges et sur la marche des glaciers dans l’Amérique méridionale. — Je dois renvoyer à la première édition de cet ouvrage pour le détail des autorités auxquelles est empruntée la table suivante :

Latitude. Hauteur en pieds de la limite des neiges. Observateurs.
Région équatoriale — moyenne. 15748 (4724 mètres). Humboldt.
Bolivie, lat. 16° à 18° sud. 17000 (5100 mètres). Pentland.
Chili central, lat. 33° sud. 14500 à 15000 (4350 à 4500 mèt.). Gillies et l’auteur.
Chiloé, lat. 41° à 43° sud. 6000 (1800 mètres). Offic. du Beagle et l’aut.
Terre de Feu, lat. 54° sud. 3500 à 4000 (1050 à 1200 mèt.). King.

Comme la hauteur du niveau des neiges perpétuelles semble principalement déterminé par la chaleur maxima de l’été, plutôt que par la température moyenne de l’année, il ne faut pas s’étonner qu’au détroit de Magellan, où l’été est si froid, la limite descende à 1030 ou 1200 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer, alors qu’en Norwége il faut remonter jusque par 67 et 70 degrés de latitude nord, c’est-à-dire 14 degrés plus près du pôle, pour trouver des neiges perpétuelles à une hauteur aussi peu considérable. La différence de hauteur, c’est-à-dire près de 2700 mètres, entre la limite des neiges sur la Cordillère derrière Chiloé (là où ses plus hauts sommets varient seulement entre 1680 mètres et 2230 mètres) et le Chili central[2] (distance d’environ 9 degrés de

  1. Voir la traduction allemande de ce journal ; pour les autres faits, voir l’appendice de M. Brown au Voyage de Flinders.
  2. Sur la Cordillère du Chili central, je crois que la limite des neiges varie beaucoup en hauteur selon les étés. On m’a assuré que, pendant un été très-long et très-sec, toute la neige de l’Aconcagua disparut, bien que cette montagne atteigne la hauteur prodigieuse de 6900 mètres. Il est probable qu’à ces grandes hauteurs la neige s’évapore plutôt qu’elle ne fond.