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CHILI SEPTENTRIONAL.

peu probable qu’un dépôt sédimentaire, au moment de son soulèvement, puisse résister à l’action des vagues de la côte de façon à se conserver en masses suffisantes pour durer un temps presque infini, à moins que, dans l’origine, ce dépôt n’ait eu une épaisseur et une étendue considérables. Or, il est impossible qu’un dépôt de sédiment épais et fort étendu se dépose sur un fond modérément profond, seul favorable au développement de la plupart des créatures vivantes, sans que ce fond s’abaisse pour recevoir les couches successives. C’est ce qui semble avoir eu lieu à peu près à la même époque dans la Patagonie méridionale et au Chili, bien que séparés par plus d’un millier de kilomètres. En conséquence, si des mouvements prolongés d’affaissement à des époques à peu près les mêmes se font ordinairement sentir sur des superficies considérables, ce que je suis très-disposé à croire depuis que j’ai étudié les récifs corallins des grands océans ; ou si, pour ne nous occuper que de l’Amérique méridionale, les mouvements d’affaissement ont eu la même étendue superficielle que ceux de soulèvement, qui, depuis la période des coquillages existants, ont amené le soulèvement des côtes du Pérou, du Chili, de la Terre de Feu, de la Patagonie et de la Plata ; il est facile de comprendre qu’à la même époque, en des points fort distants les uns des autres, les circonstances ont été favorables à la formation de dépôts fossilifères, dépôts fort étendus et fort épais, et de nature telle, par conséquent, à résister à l’action des vagues de la côte et à durer jusqu’à notre époque.

21 mai. — Je pars avec don Jose Edwards pour aller visiter les mines d’argent de Arqueros et pour remonter la vallée de Coquimbo. Après avoir traversé un pays montagneux, nous arrivons dans la soirée aux mines qui appartiennent à M. Edwards. Je passe une nuit excellente ; peut-être n’apprécierait-on pas à sa juste valeur, en Angleterre, la cause d’une si bonne nuit ; mais la voici en un mot : l’absence de puces ! Ces insectes pullulent dans les chambres de Coquimbo, mais ils ne peuvent vivre ici, bien que nous ne nous trouvions qu’à 3 000 ou 4 000 pieds d’altitude. On ne peut attribuer au léger changement de température la disparition de ces hôtes incommodes ; il doit y avoir quelque autre cause. Les mines sont aujourd’hui en fort mauvais état ; autrefois elles produisaient annuellement 2 000 livres pesant d’argent. On dit vulgairement que le propriétaire d’une mine de cuivre fait forcément fortune,