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NOUVELLE-ZÉLANDE.

tres espèces de graminées, caractère si remarquable de la végétation de cette île, peut s’expliquer peut-être par le fait que le sol était autrefois entièrement recouvert par des forêts.

Le sol est volcanique ; nous passons dans quelques endroits sur des coulées de lave et on peut distinguer des cratères sur plusieurs des collines voisines. Ma promenade me procure beaucoup de plaisir, bien que le pays ne soit jamais très-beau ; j’aurais éprouvé plus de plaisir encore si mon compagnon, le chef, n’avait pas été un abominable bavard. Je ne savais que trois mots de la langue : « bon, mauvais et oui. » Je les employais alternativement pour répondre à tout ce qu’il me disait sans avoir, bien entendu, compris un seul mot de son discours. Il semblait heureux de trouver quelqu’un qui prêtât une si grande attention à ses paroles, aussi ne cessa-t-il pas un seul instant de me parler.

Nous arrivons enfin à Waimate. Après avoir traversé un pays inhabité et inculte pendant tant de milles, rien d’agréable comme de se trouver tout à coup en présence d’une ferme anglaise, entourée de champs bien cultivés. M. Williams n’est pas chez lui, mais M. Davies me reçoit de la façon la plus charmante. Après avoir pris le thé avec sa famille, nous allons faire un tour dans les cultures. Il y a, à Waimate, trois grandes maisons où résident les missionnaires MM. Williams, Davies et Clarke ; auprès de ces maisons se trouvent les huttes des laboureurs indigènes. Sur une colline voisine je vois des champs magnifiques de blé et d’orge ; autre part des champs de pommes de terre et de trèfle. Mais il m’est impossible de décrire tout ce que j’ai vu ; il y a là de grands jardins où se trouvent tous les fruits et tous les légumes de l’Angleterre et beaucoup d’autres appartenant à des climats plus chauds. Je puis citer comme exemple l’asperge, le haricot, le concombre, la rhubarbe, la pomme, la poire, la figue, la pêche, l’abricot, le raisin, l’olive, la groseille à maquereau, la groseille, le houblon ; des bruyères forment les haies et çà et là on voit des chênes ; on cultive aussi une grande quantité d’espèces de fleurs. Autour de la cour de la ferme des étables, une aire à battre le blé, une machine à vanner, une forge ; sur le sol, des charrues et d’autres instruments agricoles ; au milieu de la cour, des cochons et des volailles paraissant aussi heureux qu’ils le sont dans une ferme anglaise. À quelques centaines de mètres de distance on a endigué un petit ruisseau et établi un moulin à eau.

Tout cela est d’autant plus surprenant qu’il y a cinq ans on ne