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BATHURST.

Nous suivons un sentier à travers la forêt pour aller rejoindre la grande route, le pays est très-désert. Nous sentons ce jour-là le vent de l’Australie qui ressemble au siroco, et qui souffle des déserts de l’intérieur. On voit des nuages de poussière dans toutes les directions ; on dirait que le vent a passé à travers une fournaise. J’ai su plus tard que le thermomètre, placé à l’extérieur des maisons, avait indiqué 119 degrés F. (48°,3 C), et dans un appartement hermétiquement fermé, 96 degrés F. (35°,5 C). Dans l’après-midi nous apercevons les dunes de Bathurst. Ces plaines ondulées, mais presque plates, sont fort remarquables en ce qu’il ne s’y trouve pas un seul arbre ; elles sont recouvertes par une espèce d’herbe brune. Nous traversons ces plaines pendant plusieurs milles, et nous arrivons à la ville de Bathurst, située au milieu de ce qu’on pourrait appeler une vallée fort large ou une plaine étroite. On m’avait dit à Sydney de ne pas me faire une trop mauvaise opinion de l’Australie en jugeant le pays par ce que je verrais le long de la route ; on m’avait prévenu aussi de ne pas m’en faire une trop bonne opinion par ce que je verrais à Bathurst ; j’avoue que, sous ce dernier rapport, il était parfaitement inutile de me prévenir. Il est juste de dire cependant que la saison n’était pas favorable, car la sécheresse était fort grande. La cause de la grande prospérité de Bathurst est cette herbe brune qui paraît si étrange quand on la voit pour la première fois, mais qui est excellente pour les moutons. La ville se trouve à une altitude de 2 200 pieds au-dessus du niveau de la mer sur les bords du Macquarie ; c’est une des rivières qui se dirigent vers l’intérieur de ce continent à peine connu. La ligne de partage qui sépare les rivières se dirigeant vers l’intérieur, de celles qui se dirigent vers la côte, a une hauteur d’environ 3 000 pieds et s’étend dans la direction du nord au sud à une distance d’environ 80 à 100 milles de la côte. D’après les cartes, le Macquarie semble être une rivière fort respectable ; c’est d’ailleurs la plus grande de celles qui drainent cette région ; à ma grande surprise cependant, je ne trouve qu’une succession d’étangs séparés par des espaces presque secs. Ordinairement il y a un petit courant, quelquefois aussi des inondations considérables. Quelque peu d’eau qu’il y ait dans cette région, c’est encore beaucoup, paraît-il, comparativement à ce qu’on trouve un peu plus loin.

22 janvier. — Je me remets en route pour revenir à Sydney ; je suis une route différente, appelée la ligne de Lockyer, qui traverse un pays plus montagneux et plus pittoresque. Nous faisons une longue