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Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/501

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GRAINES TRANSPORTÉES PAR LA MER.

ces espèces atteint une taille considérable ; mais le bois en est si tendre, qu’il est inutile ; une autre espèce au contraire fournit d’excellent bois de construction. En dehors des arbres, le nombre des plantes est très-limité et ne consiste qu’en graminées insignifiantes. Dans ma collection qui comprend, je crois, la flore complète de ces îles, il y a vingt espèces de plantes, sans parler d’une mousse, d’un lichen et d’un champignon. Il faut ajouter deux arbres à ce total ; l’un n’était pas en fleur lors de mon séjour, et je n’ai pas vu l’autre. Ce dernier est le seul de son espèce : il pousse près de la côte, où une seule graine a sans doute été apportée par les vagues. Une Guilandina se trouve aussi sur l’un des îlots. Je ne comprends pas dans la liste dont je viens de parler la canne à sucre, la banane, quelques légumes, quelques arbres fruitiers et quelques graminées qui ont été importés. Ces îles sont entièrement formées par des coraux, elles ont dû exister à une époque sous forme de simples récifs, il est donc certain que toutes les productions terrestres y ont été transportées par les vagues de la mer. Le professeur Henslow m’apprend que, sur les vingt espèces dont je viens de parler, dix-neuf appartiennent à différents genres et ceux-ci à seize familles[1] !

M. A.-S. Keating, qui a résidé un an sur ces îles, indique dans les Voyages de Holman[2] les graines et les autres objets qui ont été apportés par les vagues. « On trouve souvent sur la côte, dit-il, des graines et des plantes venant de Java et de Sumatra. Parmi elles j’ai remarqué le Kimiri, indigène à Sumatra et dans la péninsule de Malacca ; la noix de coco de Balci, remarquable par sa forme et par sa grosseur ; le Dadass, que les Malais plantent en même temps que le poivrier, ce dernier s’enroule autour du tronc du dadass et s’accroche aux épines qui le recouvrent ; l’arbre à savon ; le ricin ; des troncs de palmier sagou, et plusieurs espèces de graines inconnues aux Malais établis dans l’île. On suppose que toutes ces graines ont été chassées d’abord par le mousson du nord-ouest jusque sur la côte de la Nouvelle-Hollande et de là jusqu’aux îles Keeling par le vent alizé du sud-est. On a trouvé aussi sur la côte de véritables masses de teck de Java et de bois jaune, outre des troncs immenses de cèdre blanc et rouge et du gommier de la Nouvelle-Hollande. Les graines dures, telles que celles des plantes grim-

  1. Ces plantes sont décrites dans les Annals of Nat. Hist., vol. I, 1838, p. 337.
  2. Holman, Travels, vol. IV, p. 378.