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ILES DE CORAIL.

volcans et peut-être plus ont été en activité. D’autre part, bien que la plupart des îles du Pacifique entourées de récifs aient une origine volcanique et qu’on puisse encore y discerner des restes de cratères, aucun de ces volcans n’a été en activité dans une période récente ; il semble donc que l’action volcanique se produise ou disparaisse dans les mêmes endroits, selon que les mouvements de soulèvement ou d’affaissement ont le dessus. On pourrait citer des faits innombrables tendant à prouver que l’on trouve de nombreux restes organiques soulevés partout où il y a des volcans actifs ; mais il aurait été hasardeux de soutenir, bien que ce fait soit probable en lui-même, que la distribution des volcans dépend du soulèvement ou de l’affaissement de la surface de la terre, jusqu’à ce qu’on ait pu prouver que, dans les aires d’affaissement, les volcans n’existent pas, ou tout au moins sont inactifs. Je pense que nous pouvons actuellement admettre cette importante déduction.

Si nous jetons un regard sur la carte, en ayant soin de nous rappeler ce que nous avons dit relativement aux restes organiques soulevés, nous devons ressentir un profond étonnement en voyant l’étendue des aires qui ont subi un changement de niveau, soit comme affaissement, soit comme soulèvement, pendant une période géologiquement peu ancienne. Il semblerait aussi que les mouvements de soulèvement et d’affaissement obéissent presque tous aux mêmes lois. L’affaissement a dû être considérable dans ces immenses espaces où se trouvent les attols et où il n’y a plus un seul pic au-dessus du niveau de la mer. Cet affaissement, en outre, qu’il ait été continu ou qu’il se soit reproduit à des intervalles suffisamment longs pour permettre aux coraux d’élever leurs édifices vivants jusqu’à la surface, a dû nécessairement être très-lent. Cette conclusion est probablement la plus importante que l’on puisse déduire de l’étude des îles de corail ; c’est une conclusion à laquelle il eût été difficile d’arriver autrement. Je ne peux pas non plus passer tout à fait sous silence la probabilité de l’existence d’immenses archipels composés d’îles élevées, là où se trouvent seulement aujourd’hui quelques anneaux de corail, en ce qu’elle jette quelque lumière sur la distribution des habitants des autres îles, situées maintenant si loin les unes des autres au milieu des grands océans. Les polypes constructeurs de corail ont élevé d’étonnants témoignages des oscillations souterraines du niveau ; chaque récif nous prouve que, à l’endroit où il est situé, le sol s’est affaissé, et chaque attol est un monument élevé sur une île