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MALDONADO

fleuve. Ces dernières, boueuses et jaunâtres, flottent à la surface de l’eau salée, grâce à leur moindre gravité spécifique. Nous pouvons tout particulièrement étudier cet effet dans le sillage que laisse le vaisseau, là une ligne d’eau bleue se mêle avec le liquide environnant à la suite d’une quantité de petits ressacs.

26 juillet. — Nous jetons l’ancre à Montevideo. Pendant les deux années suivantes, le Beagle s’occupa à relever les côtes orientales et méridionales de l’Amérique au sud de la Plata. Pour éviter des redites inutiles, j’extrais de mon journal les parties qui se rapportent aux mêmes régions sans faire attention à l’ordre dans lequel nous les avons visitées.

Maldonado est situé sur la rive septentrionale de la Plata, à peu de distance de l’embouchure de ce fleuve. C’est une petite ville très-misérable et très-tranquille ; elle est construite comme toutes les villes de ce pays, c’est-à-dire que les rues se croisent à angle droit et qu’il y a au milieu une grande place, dont l’étendue fait ressortir encore le peu de population de la ville. À peine y fait-on quelque commerce ; les exportations se bornent à quelques peaux et à quelques têtes de bétail vivant. Les habitants se composent principalement de propriétaires, de quelques boutiquiers et des artisans nécessaires, tels que forgerons et charpentiers, qui exécutent tous les travaux dans un rayon de 50 milles. La ville est séparée du fleuve par une rangée de collines de sable ayant environ 1 mille (1609 mètres) de largeur ; elle est entourée de tous les autres côtés par un pays plat, légèrement ondulé, recouvert d’une couche uniforme de beau gazon, que broutent des troupeaux innombrables de bestiaux, de moutons et de chevaux. Il y a fort peu de terres cultivées, même dans le voisinage immédiat de la ville. Quelques haies de cactus et d’agaves indiquent les endroits où l’on a planté un peu de blé ou de maïs. Le pays conserve le même caractère sur presque toute l’étendue de la rive septentrionale de la Plata ; la seule différence consiste, peut-être, en ce que les collines de granit sont ici un peu plus élevées. Le paysage est fort peu intéressant ; à peine voit-on une maison, un enclos ou même un arbre qui l’égaye un peu. Cependant, quand on a été pendant quelque temps emprisonné dans un vaisseau, on éprouve un certain plaisir à se promener, même sur des plaines de gazon dont on ne peut apercevoir les limites. En outre, si la vue est toujours la même, bien des objets particuliers possèdent une grande beauté. La plupart des petits oiseaux portent des