Page:Dash - Un amour coupable.djvu/21

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couler. C’était entre elles un échange de tendresse et d’attentions à réjouir la vue.

— Vous allez à Trianon avec la reine, ce soir, n’est-ce pas, mes enfants ?

— Oui, mon père, il y a un bal, une mascarade, et la reine nous a fait l’honneur de nous désigner pour la suivre.

— Madame de Brionne vous conduira, sûrement ?

— Comme de coutume, oui, mon père.

— Veillez bien sur vous, je vous en supplie ; sachez éloigner même l’ombre d’un propos ; vous le devez à vous-mêmes, vous le devez à Sa Majesté ; le respect vous garantirait à défaut de la vertu.

— Nous vous obéissons en tout, mon père, et, loin de vous, nous sommes toujours sous vos yeux ; c’est ainsi que ma bonne mère nous a élevées.

Le marquis promena un regard attendri sur ce petit cercle réunissant tout ce qu’il aimait au monde, puis il baisa la main de sa femme, à laquelle cette caresse arracha un faible sourire. Aurore s’était levée et regardait dans le jardin. Cette foule si gaie, si diverse, ces habits de toutes les couleurs, de toutes les formes, amusaient sa jeune imagination. Tout à coup, elle poussa un léger cri et appela la duchesse. Elle venait de reconnaître le héros patineur, appuyé près d’une statue et les yeux fixés sur le château. Le hasard l’avait