Page:Dash - Un amour coupable.djvu/25

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d’elles et les reçut avec tendresse. Le prince s’inclina respectueusement.

— Avez-vous des habits de caractère, mes chères belles ? on n’est pas reçu sans cela.

— Oui, madame, vous avez eu la bonté de nous faire prévenir, et nous avons tout disposé en conséquence.

— On s’amusera beaucoup. La reine a donné quelques entrées aux gardes-du-corps et aux officiers suisses, ce qui augmentera le nombre des cavaliers. Ceux de la cour sont fort choisis : ne vient pas qui veut. Demain, un déjeuner champêtre pour nous, de la maison ou de l’intimité ; puis on retourne à Versailles, et, le soir, il y aura cercle. Ce programme m’a été communiqué hier par madame la princesse de Lamballe. Si vous êtes disposées, rendons-nous chez Sa Majesté : il vaut mieux arriver des premières.

Marie-Antoinette, cette femme dont la beauté majestueuse méritait seule un trône, cette femme si malheureuse et si digne de respectueuse sympathie, voyait alors l’univers à ses pieds, ainsi que le lui disait, dans un calembour, le marquis de Bièvre. Jeune, insouciante, elle ne songeait qu’au plaisir. On lui fit un crime de ce qui chez les autres est à peine une faiblesse. On a beau être archiduchesse d’Autriche et reine de France, on est femme néanmoins, et la nature ne perd pas ses droits. Marie-Antoinette retrouva aux jours de malheur la grandeur, le courage, la dignité