Page:Dash - Un amour coupable.djvu/24

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— Je ne vous priverai pas d’un plaisir, mes enfants ; la reine vous a désignées, vous devez la suivre, et moi je n’en souffrirai pas plus qu’à l’ordinaire. Voici bientôt l’heure : la princesse vous attendrait, il faut partir. Je me chargerai de vos excuses et de vos adieux pour votre père.

La duchesse eut beaucoup de peine à se décider. Le trouble, la pâleur de sa mère l’agitaient. Elle se reprochait le plaisir qu’elle allait prendre, et sentait d’avance quelles pensées la poursuivraient. Enfin elle obéit ; après avoir donné ses ordres pour que les toilettes nécessaires fussent transportées sans retard, elles partirent, couvertes des baisers et des bénédictions de la marquise.

La comtesse de Brionne, princesse de la maison de Lorraine, une des plus grandes et des plus respectables dames de la cour de France, servait de guide à mesdemoiselles de Sainte-Même, depuis leur entrée dans le monde. Cousine germaine de leur père, elle s’était engagée à remplacer près d’elles la marquise, que sa santé rendait incapable de cette tâche. Elle avait un appartement à Versailles ; elle l’habitait seulement pour rendre ses devoirs et pour assister aux fêtes. Son fils, le prince de Lambesc, se faisait remarquer par sa bonne mine, par sa bravoure et un peu aussi par ses aventures. Quand les deux jeunes femmes furent annoncées, madame de Brionne alla au-devant