Page:Dash - Un amour coupable.djvu/312

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Armand suivait de l’œil tous les mouvements du comte ; il le vit pâlir, se consulter en lui-même, entourer sa femme de ses bras et la soulever de terre : il devina son projet. Plus prompt que la pensée, avec sa force herculéenne, il se jeta sur lui, lui arracha madame Dandolo, le contint d’une main seule, et, appelant ses hommes, il dit d’une voix aussi ferme que sa volonté :

— Attachez cet homme !

L’ordre fut exécuté. Un geste d’Armand congédia les soldats, auxquels le patricien et la noble dame n’avaient pas daigné demander un secours inutile.

— Maintenant, madame, reprit-il, vous pouvez délibérer sans influence. Je vous attends.

La comtesse ne l’entendait pas : son attention se concentrait sur son mari ; elle semblait se consulter, le consulter lui-même du regard, et ce regard chaste, assuré, était lui seul une garantie contre une lâcheté. Le silence n’était interrompu que par le sable qui criait sous les pas d’Armand et les pierres qu’il faisait rouler dans le lac.

— Andréa, dit la jeune femme en mettant la main sur son sein, mon Andréa, mon bien-aimé, je ne puis me résoudre à vous perdre, à me perdre moi-même, et ce malheureux avec nous, lorsque j’ai le moyen de nous sauver tous. J’ai rempli plus que mon devoir, et Dieu, j’en suis sûre, n’en exige pas davantage. Atten-