Page:Dash - Un amour coupable.djvu/316

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d’une manière frappante : aussi ma malheureuse mère vous a-t-elle soupçonné à la première vue. Les deux jeunes gens s’aimèrent. M. de Sainte-Même feignit de n’en rien voir, son projet étant de marier ma mère à son fils, dont le caractère, la conduite, les inclinations promettaient à sa pupille un bonheur que le chevalier ne pouvait lui offrir. Mon oncle était beau comme vous, indomptable et brave comme vous, passionné comme vous l’êtes. Il passait sa vie à la cour et surtout au Temple, où M. le prince de Conti le prit en grande affection, malgré ses égarements.

« Quand ma mère eut dix-huit ans, son tuteur lui annonça ses résolutions. Elle n’osa point résister : celui qu’elle aimait était loin. Elle implora la bonté de mon aïeul ; elle lui avoua ses engagements. Il lui répondit que, par tendresse pour elle, il ne consentirait jamais à la donner à un pareil vaurien ; qu’il la mettait sous la protection de son fils, le meilleur, le plus noble, mais aussi le plus sévère des hommes ; que lui seul pouvait la sauver et la garantir des poursuites du chevalier, et qu’il fallait tout à l’heure devenir sa femme.

« Elle était timide, elle n’insista pas ; elle se résigna en souffrant mille morts, mais persuadée, d’après les discours de son tuteur, que mon oncle s’était joué d’elle, qu’il ne l’aimait pas et qu’il ne voulait que sa perte. Elle l’aimait toujours, néanmoins ; elle donna