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Page:Dash - Un amour coupable.djvu/317

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sa main sans son cœur. Le chevalier voyageait au loin. Mon père occupait un poste élevé dans la diplomatie. Après quelques mois d’union, il dut partir et se séparer de ma mère, dont la santé ne lui permettait pas de le suivre : elle commençait déjà cette terrible maladie causée par le chagrin, et qui l’a tuée.

« M. de Sainte-Même resta quinze mois absent. Le chevalier revint pendant ce temps et employa toutes les séductions de l’amour près d’une femme à qui l’horreur du crime donna la force de résister.

« Mon père, libre enfin, croyait-il, annonça son arrivée. Son cousin, oublieux de notre honneur à tous, conçut un plan atroce pour obtenir par ruse ce que la vertu lui refusait.

« Il gagna la femme de chambre favorite de la marquise, il gagna le valet de chambre de mon père, envoyé en courrier pour apporter cette bonne nouvelle. Ma mère fut prévenue par tous les deux, en grand mystère, que son mari arriverait la nuit, qu’il se faisait une fête de la surprendre ; que, pour le charmer, elle devait avoir l’air de ne se douter de rien.

« La pauvre femme soupira fort : sa solitude lui faisait paraître la chaîne moins lourde. Elle se résigna pourtant et tâcha de se conformer de son mieux aux intentions de son mari. La perfide soubrette lui ôta soigneusement les lumières, introduisit le séducteur, et le crime fut consommé.