Page:Dash - Un amour coupable.djvu/319

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quels l’honneur est tout. S’il eût soupçonné l’existence de ce pauvre enfant il l’eût tué, il eût tué ma mère ; et, quant à son cousin, aucun châtiment ne lui eût semblé égal à son crime. Ma mère n’avait jamais voulu le revoir, et son beau-père étant mort dans l’intervalle, toute communication cessa entre eux.

« À son retour, mon père se trouva chef de famille. Il en accepta les devoirs. Ma mère se fit une violence extrême pour ne pas se jeter à ses pieds et lui avouer qu’elle n’était plus digne de lui. La sûreté de son fils et celle du chevalier seule l’en empêchaient ; mais elle s’imposa la dure expiation de renoncer aux plaisirs de son âge et de sa position ; elle se jeta dans une direction austère et conserva toute sa vie la réputation la plus inattaquable. Peu à peu elle s’attacha à son mari. Nous vînmes au monde : ce fut un lien. Sa sollicitude vous suivait néanmoins, Armand, et elle versa bien des larmes sur votre absence.

« Votre père continuait le cours de ses débordements ; il se livrait à toutes les extravagances du jeu et de la débauche. Tant qu’il n’alla pas plus loin, son cousin se contenta de le réprimander, en fournissant à sa dépense ; le jour où il oublia l’honneur, son arrêt fut irrévocable. M. de Sainte-Même obtint une lettre de cachet pour le transporter aux colonies ; il lui refusa tout, il le déshérita même du nom qu’il traînait dans la fange. Le chevalier, obligé de céder,