Page:Dash - Un amour coupable.djvu/318

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« La seule ressemblance que les deux cousins eussent entre eux était celle de la voix. Le chevalier le savait, et il en abusa : ma pauvre mère fut tout à fait trompée. Le matin seulement, la fraude se découvrit. Depuis plusieurs heures le perfide l’avait quittée ; elle apprit facilement que son mari n’était pas revenu, et même une nouvelle lettre de lui annonça que des difficultés nouvelles retardaient indéfiniment son retour. Ma mère était grosse !

« Elle fut sur le point de devenir folle. À qui se confier dans une position semblable ? À qui avouer un pareil déshonneur, un pareil forfait ? La pensée du suicide ne la quitta pas pendant cette mortelle grossesse, et, chose étrange ! la seule raison peut-être qui l’en préserva, fut l’amour qu’en dépit d’elle-même elle conservait pour son séducteur, et qu’elle reportait sur son enfant. Elle était mère, elle voulut vivre.

« Heureusement mon père ne revint point avant une année. Son perpétuel état de souffrance, la retraite dans laquelle elle vivait, lui permirent de cacher son état. Elle eut pour unique confidente une créole, amenée par elle en France, qui reçut son fils sans se douter quel en était le père, et qui l’emporta dans son pays. C’est par elle que vous avez d’abord été élevé, Armand.

« Mon père, vous le savez, était un de ces hommes rares, de la trempe du marquis de Bresca, pour les-