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Page:Daubié - L'émancipation de la femme, 1871.pdf/151

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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

Les besoins factices sont, nous le savons, plus dispendieux que les besoins naturels, et ceux-ci sont semblables pour les deux sexes. Les dépenses indispensables du chauffage et du logement leur occasionnent les mêmes frais ; quant à la consommation, celle de la femme est regardée comme si peu différente de celle de l’homme qu’aucun restaurant à prix fixe, aucune table d’hôte ne réduit ses prix en faveur de la femme. D’ailleurs, si l’État cherche à appliquer la fameuse maxime : « À chacun selon ses besoins, » il ne doit pas s’étonner que les masses la prennent aussi pour loi. Ne sont-ce pas les femmes oisives qui ont les besoins les plus dispendieux ? Ne trouvons-nous point une fureur de jouissances destructives chez ces femmes vaines et sensuelles qui gaspillent l’honneur et l’avenir de la France avec notre jeunesse dorée ? Si certaines femmes ont plus d’ordre et d’économie que certains hommes, faut-il les en punir et décourager leur esprit d’épargne ; la richesse nationale ne se forme-t-elle pas de ces pécules accumulés qui à un jour donné deviennent la rançon de la France ?

Songeons aussi que les économies d’une femme servent souvent à nourrir de vieux parents, à élever de jeunes enfants ; rappelons-nous surtout qu’une honorable indépendance, conquise par le salaire et l’épargne, constitue la dot sur laquelle seule repose encore chez nous la vie de famille et, par conséquent, le salut d’un pays assez malheureux pour avoir détruit les liens les plus sacrés en enlevant toute sanction législative aux devoirs naturels.

D’ailleurs les chiffres cités plus haut, relativement aux indemnités de voyage des inspecteurs et des inspectrices d’école, prouvent que l’infériorité de salaire de celles-ci repose plutôt sur une volonté arbitraire que sur des vues équitables. On sait que dans les hôtels, les chemins de fer, les courses en ville, etc., l’inspectrice a certaines dépenses de convenance auxquelles l’inspecteur peut se soustraire.

Les droits des instituteurs et des institutrices à la retraite doivent aussi se fonder sur la valeur du service rendu sans acception des personnes, et les directrices