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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

nécessaire de leur accorder le suffrage parce qu’elles ont déjà assez d’influence et qu’elles ne gagneraient rien à la capacité électorale. Il paraît que des milliers parmi elles ne pensent pas ainsi, et je crois qu’elles doivent être elles-mêmes les meilleurs juges de cette question. Mais je pourrais en appeler ici en toute confiance à n’importe quel membre du parlement, et lui demander de juger par sa propre expérience si, en réalité, ses commettants féminins ont, par un moyen quelconque, la même influence sur ses déterminations que ses commettants masculins. Je suis sûr qu’il serait obligé de me répondre négativement. Les femmes ne peuvent, par exemple, agir sur les comités d’élection ; elles ne peuvent assister aux réunions électorales ni y poser aux candidats ces questions dont la réponse détermine les votes ; elles ne peuvent leur écrire, sur les questions politiques, des lettres qui réclament leur attention sur tel ou tel sujet pour appuyer une pétition ou s’opposer à une autre. Si les femmes étaient admises au suffrage elles prendraient inévitablement un plus grand intérêt et une plus grande participation à la discussion des questions politiques ; et je suis porté à croire que c’est d’une importance particulière à une époque où il est évident que les questions sociales deviennent de jour en jour plus capitales et réclament de plus en plus l’attention des législateurs ; c’est précisément sur les questions de lois criminelles, les questions de réforme, d’assistance et les maux divers qui accablent la société, que les femmes sont le plus compétentes pour nous donner leur avis. Mais il y a une autre raison qui me fait désirer la reconnaissance des franchises pour les femmes, et croire que leur influence serait insuffisante sans la possession de ce droit. Je ne pense pas que la loi puisse sauvegarder l’équité entre les hommes et les femmes s’ils ne sont placés l’un et l’autre sur le pied de l’égalité politique.

On a fait remarquer à satiété que la loi est souvent d’une déloyauté et d’une injustice extrêmes relativement à la condition de l’homme et de la femme ; que cette injustice provient de ce que les femmes ne sont pas sur le pied d’égalité politique avec les hommes, et qu’en conséquence