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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

usuelle. Au lieu de leur faire connaître les règles de la langue par des applications fréquentes et raisonnées, on a mis sous leurs yeux des cacographies, des locutions vicieuses ; on s’est borné à un système exclusif d’éternelles dictée, dont la correction hâtive n’a laissé aucune trace dans leur esprit. Par des récitations arides et incomprises, on a surchargé leur mémoire au détriment de leur intelligence. Ainsi, après avoir passé leur enfance et leur adolescence dans l’atmosphère épaisse de l’école, les élèves en sortent d’ordinaire avec l’horreur de l’étude ; avec tous les préjugés d’une ignorance déplorable, sans avoir l’esprit ouvert sur aucune question ; sans prendre intérêt à aucune lecture, ayant, pour ainsi dire, désappris leur langue maternelle.

Le travail excessif des instituteurs contribue aussi à retarder les progrès des élèves ; si, dans les communes rurales peu populeuses, les écoles sont trop vastes et les maîtres trop nombreux pour la population scolaire, d’autres communes au contraire réunissent dans une seule salle d’étude trop d’élèves pour un seul maître ; malgré la capacité et le zèle de celui-ci, les anciens élèves, sacrifiés aux exigences des notions élémentaires à donner aux nouveau-venus, ne font aucun progrès dans la prison où on les séquestre. La création d’asiles dans certaines communes, d’écoles primaires supérieures dans d’autres, en classant les intelligences, hausserait le niveau de l’enseignement primaire ; si toutefois les élèves n’étaient admis à l’école de second degré qu’après un examen constatant qu’ils peuvent en suivre les cours avec fruit.

Même lorsque des difficultés matérielles s’opposent à la séparation des écoles, on obtiendrait de bons résultats en perfectionnant les programmes et les méthodes.

Le programme des écoles primaires, trop souvent scindé, doit former un tout gradué sur le temps et l’assiduité que l’enfant donne à l’école et sur les prévisions qui l’y enlèvent prématurément. Ainsi chaque cours présentera, à différents degrés, un certain nombre de connaissances essentielles, dont la division sera méthodiquement faite, comme dans l’enseignement secondaire, où